Mars 2018
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Avant-propos : - Aucune
information ne sera donnée sur la localisation du site. *** Cette
visite est pour le moins déconcertante. L'accès est on ne
peut plus simple, très visible et situé juste à côté d'un
lieu où le public vient quasi quotidiennement. En dépit de
cela, cette belle villa est dans un état de conservation
quasi parfait à tel point qu'on dirait clairement une visite
immobilière. Je gare ma voiture sur le petit parking situé à proximité. En cette fin d'après-midi et avec un temps aussi beau, les promeneurs sont de sortie. Je commence à me poser tout un tas de question, notamment sur la discrétion pour accéder au site. Situé là où il est, j'ai la certitude que si quelqu'un me voit rentrer, les flics seront sur place dans la seconde. Tout en étant assis dans ma voiture, je commence à regarder via Google Maps quels peuvent être les différents angles d'attaque pour être le plus discret possible. Ce ne sera pas évident car il y a du monde partout à cette heure tardive. Je décide
donc de m'approcher de la grande propriété pour tâter le
terrain. Depuis la rue, son abandon supposé, tel que
remarqué depuis les vues aériennes, ne saute absolument pas
aux yeux mais un détail m'interpelle. En marchant, je
distingue que le portail est ouvert ! Bizarre. Je n'aime pas
ça. Le lieu sera au mieux squatté ou au pire, totalement
ravagé, surtout compte tenu de son emplacement bien à la vue
de tous. Je suis seul, ce n'est pas du tout l'idéal pour ce
genre de visite. Je pénètre
le plus naturellement du monde et sans aucune difficulté
dans l'enceinte de cette belle bâtisse. Le jardin est
magnifique, possède plusieurs espaces différents et surtout
une piscine avec deux beaux bassins. Le lieu est classe. Ceci dit,
je ne suis pas trop rassuré. Et s'il s'agissait simplement
d'une maison dont les propriétaires n'entretiennent pas le
jardin ? Vais-je croiser un habitant sur place qui va me
prendre pour un cambrioleur ? Je remarque que beaucoup de
fenêtres sont ouvertes. Normal compte tenu de la température
mais ça provoque aussi une drôle d'impression car il y a de
nombreuses touches de déshérence ça et là : la piscine crève
à force de voir son eau croupir, les portes des cabanes de
jardin sont défoncées et quelques grosses fissures sont
présentes sur le sol.
Je fais le
tour discrètement. Pas de bruit, pas de voiture dans le parc
: il n'y a personne. Mais je n'en mène pas large tant j'ai
la désagréable impression de ne pas être à ma place.
Plutôt que
d’emprunter l'escalier pour aller sur la terrasse, je tente
d’accéder à l’intérieur par le rez-de-chaussée. Là encore
c'est ouvert et ce que je découvre me laisse bouchée bée. Je
pénètre dans une chambre à la décoration asiatique dans un
état de conservation totalement parfait.
Absolument
rien à l'intérieur montre que le lieu est abandonné. Je suis
profondément mal à l'aise et pour ainsi dire, je déteste
cela. Je m'imagine voir débarquer quelqu'un qui hallucine
totalement de me trouver chez lui. Je prends deux photos,
les mains tremblotantes à cause du cette adrénaline typique
de ce genre de visite. Les pauses longues semblent durer des
heures et mon cœur battant la chamade fait un bruit
assourdissant.
Je jette un
œil ultra expéditif à travers les deux portes qui desservent
d'autres chambres une salle de bain et je décide de
rebrousser chemin, partagé entre la joie d'avoir trouvé une
maison avec une décoration insolite et de l'autre, le dégoût
d'être probablement chez quelqu'un qui n'est juste pas là.
Avant de
quitter ce niveau, je regarde rapidement. Un petit couloir
amène dans un appartement qui possède également un salon,
une salle de bain et une chambre. Celui-ci est par contre
totalement ravagé, comme si on avait commencé à le
construire (ou le piller) sans jamais le terminer.
Je sors et
me pose un peu au fond du jardin. Pour prendre un peu la
mesure de tout cela. Pas de bruit, rien, même si l'ambiance
est étrange, le lieu est donc bien à l'abandon. Par acquis
de conscience, je tente très discrètement de jeter un œil à
l'étage en passant par la terrasse, accessible par un petit
escalier joliment décoré. Je vois une première chambre.
Toujours dans un style asiatique, avec un lit très imposant.
Au pied du lit, une bouteille de Vodka et un paquet de
cigarettes. Le lieu est sans doute squatté, ou l'a été. Je
n'aime pas ça. Je termine mon tour et jette un dernier
regard à l'intérieur, par une petite porte ouverte.
J'entre
alors dans le salon de la maison avec une cheminée très
énigmatique et de gros meubles présents sur place, toujours
dans une tonalité asiatique. Je ne m'attarde pas car je sens
que je suis à deux doigts de tomber sur un squatteur ou un
proprio bizarre qui va vouloir me démonter la tête pour
avoir pénétré sur son lieu de vie. Je note aussi que des
alarmes et des détecteurs de mouvements sont présents un peu
partout. Force est de constater qu'ils n'ont pas l'air de
fonctionner.
Lorsque
l'on continue sur ce niveau, on peut apercevoir une cuisine
entièrement équipée, et également un grand couloir qui amène
à plusieurs chambres où il reste quelques meubles. Une salle
de bain est également quasi neuve et on dirait que quelqu'un
y est passé il y a quelques minutes. Plusieurs générations
semblent avoir vécu ici.
Un dernier
regard vers cette cheminée insolite et monumentale puis je
sors, en prenant le soin de refermer quelques portes
ouvertes et certains accès, afin de limiter à minima les
pillages à venir.
La villa en
elle même est plutôt jolie mais surtout, elle a été
construite dans un lieu de choix. Le parc est relativement
grand et lorsqu'il était entretenu, le lieu devait être très
chouette et agréable.
Au milieu
des broussailles, je tombe sur une reproduction de jardin
Japonais toute mignonne ! C'est la première fois que je vois
quelque chose de ce style dans ce genre de visite, en temps
normal, c'est plutôt apaisant, mais pas ici. Je prends une
dernière photo.
Puis, après seulement 15 minutes sur place, je décide de partir, je n'aime pas les endroits comme ceux-là où le sentiment de visiter une maison habitée est plus grand que le sentiment d'être dans un lieu oublié de tous. Sur le
chemin du retour je repense à tout ce que j'ai vu et
j'élabore plusieurs histoires mais celle qui m'occupera le
plus sera de me dire que le lieu appartenait à des
restaurateurs asiatiques qui ont fait faillite et qui ont
quitté le pays, ou au moins la région. Suite à cela, le lieu
est squatté de temps en temps par des gens plutôt
respectueux qui tiennent à maintenir l'ensemble dans un état
correct. De retour à mon domicile, je contacte un notaire avec qui je discute de temps à autre pour avoir le nom du propriétaire. Toute ma théorie s'effondre. Le nom que j'obtiens est, même si il est originaire d'un autre pays d'Europe de l'Ouest, très répandu en France. Exit donc la théorie du restaurateur en fuite. Il y a aussi l'adresse principale du propriétaire. J'entame alors les recherches Google. J'apprends
que ce que j'ai appelé la villa Nha Trang est en fait une
résidence secondaire d'un médecin très connu, directeur d'un
centre médical spécialisé situé dans un département à
l'exact opposé de celui-ci. L'homme est décédé il y a tout
juste trois ans, date qui correspond avec un état d'abandon
apparent comme on peut le voir sur les vues aériennes de
Google Earth. La villa a
été construite dans les années 60 et le style asiatique
omniprésent doit juste être le fruit d'un intérêt esthétique
de l'ancien habitant.
Ce lieu
avait tout pour plaire mais après avoir pris connaissance de
l'histoire du propriétaire j'ai un peu le sentiment d'avoir
été, sans le savoir, un charognard. Et ça, ça me donne envie
de vomir. Par contre
je ne m'explique pas le fait que cette villa soit meublée et
en excellent état alors même qu'elle est visiblement un peu
squattée, située dans un endroit très passant et qu'elle
est, par ailleurs, intégralement ouverte. Mystère...
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