Décembre 2018
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Avant-propos : - Aucune
information ne sera donnée sur la localisation du site. *** Deuxième tentative et cette fois c'est la bonne. Josh est dans mon équipe pour visiter avec moi ce lieu que j'ai repéré depuis plusieurs années. Son état d'abandon m'a d'ailleurs été confirmé par une lectrice du site. Merci Audrey ! Je l'ai tenté il y a une petite année avec le poto Bruno, sans trop de conviction, car j'ai toujours des scrupules à effrayer un propriétaire qui n'entretiendrait pas son domicile. Ici, l'herbe est haute, mais pas trop. Le lieu est fatigué, mais pas trop. Le portail est usagé, mais pas trop non plus. Pour résumer : peut être que c'est abandonné, mais on ne sait pas trop. Il faut
souligner que sa façade magnifique attire l’œil et que le
lieu est visible depuis quasiment tout ce quartier huppé
labellisé "voisins vigilants". Une partie de moi se disait
que voyant comme cela, le lieu aurait déjà été visité et
aurait tourné parmi les explorateurs du coin s'il était
abandonné. Mais une autre me disait qu'il fallait quand même
jeter un œil pour en avoir le cœur net ! Deuxième passage
aujourd'hui. Comme
d'habitude, l'accès au domaine n'est pas bien compliqué si
l'on se montre un peu acrobate et discret. Petit à petit,
derrière une végétation assez dense, nous pouvons apercevoir
la villa. Autant la façade qui donne sur la rue est superbe
avec ses finitions bourgeoises et sa tour, autant les côtés
qui donnent sur le domaine n'ont pas été ouvragés et font un
peu peine à voir. Elle a aussi l'air minuscule, alors que de
face, elle parait monumentale. Il en résulte ainsi quelque
chose de totalement quelconque à grand renfort de fausses
fenêtres pour donner un effet de symétrie. Le propriétaire
savait gérer les priorités ! Comme à
l’accoutumée, nous restons sur nos gardes. L'accès n'est pas
forcément évident mais après un peu de contorsions nous
voici à l'intérieur de cette grande et belle villa. Merci à
la nature d'avoir fait de nous des gens fins. Le lieu est
quasiment vide mais son architecture intérieure est pleine
de charme. Par contre, pour une raison indéterminée je
trouve le lieu très glauque et ne m'y sens pas à l'aise du
tout. C'est très rare que cela m'arrive mais je vais passer
la visite à être un peu angoissé ressentant une espèce de
tension permanente dans l'air. Et non, je ne crois pas aux
esprits et autres Poltergeist. Je mets plutôt cela sur la
somme de plusieurs petits détails : c'est très silencieux,
tous les volets sont fermés, c'est poussiéreux, les couleurs
sont ternes et le lieu n'est absolument pas dégradé. Point
positif toutefois, je n'ai jamais vu de photos de ce lieu,
et on a donc le sentiment de découvrir cette adresse et de
fouler le terrain !
Pour moi,
le vrai atout de ce lieu réside au niveau de la cage
d'escalier et des pièces du rez-de-chaussée. On ajoutera
aussi le sommet de la tourelle, plutôt sympa. Avant de
prendre des photos, nous décidons de faire le tour pour
confirmer qu'il n'y a personne et commençons en toute
logique à shooter au dernier étage.
Tout est
plutôt vide hormis quelques meubles qui contiennent beaucoup
de photos et du papier à en-tête avec l'adresse de la villa
et le nom de l'ancien propriétaire. M'est avis qu'il devait
donc probablement être photographe. Ainsi, dans le grenier
on peut par exemple mettre la main sur un portrait. En temps
normal j'aurais dit qu'il aurait pu s'agir du proprio mais
rien n'est sûr ici.
Mon
collègue prend un temps fou à photographier le lieu car il
est du genre appliqué, tandis que moi je fais plutôt ça
rapidement. Je décide d'aller faire un petit tour au sommet
de la villa, dans la tour que l'on aperçoit depuis la façade
qui donne sur la rue.
Classieux, non ? La lumière qui se reflète sur les tuiles apporte de jolies couleurs. Je descends. Le premier
étage a quand même plus de gueule. Je trouve néanmoins un
détail émouvant : il y a un monte-escalier du
rez-de-chaussée au premier étage mais rien pour le deuxième.
Ainsi, je me dis qu'à la fin de sa vie, la personne âgée qui
habitait les lieux se trouvait limitée dans sa propre
maison. Ça me fait mal au cœur pour lui, honnêtement, de
savoir qu'il déclinait au point de ne plus avoir sa liberté
de mouvements chez lui.
Les décorations des cheminées ont été récupérées, ainsi, pas plus de traces anciennes (si ce n'est encore et toujours des photos éparpillées). Mais je
suis vraiment sous le charme de cette cage d'escalier
immense qui tranche avec l'étroitesse de certaines pièces.
Si j'ai bon, je crois qu'elle est en voûte sarrasine.
Et enfin,
le rez-de-chaussée ! Pour une raison très mystérieuse, la
cuisine est entièrement équipée et possède absolument tout.
Bon par contre, entre formica, lambris et papier peint à
fleurs, on fait un véritable voyage dans les tréfonds du
vintage.
Au
rez-de-chaussée, donc, deux magnifiques salons identiques
séparés par le couloir de la porte d'entrée. Ils ne sont pas
évidents à prendre car impossible d'avoir la rosace avec la
cheminée compte tenu de la configuration et la taille du
lieu. Comme les deux sont identiques, je mets qu'une seule
photo. C'est pas que je suis payé à l'image, mais quand
même.
Un dernier
regard sur cette magnifique cage d'escalier et je descends
rapidement à la cave pendant que mon acolyte est toujours en
train de prendre le temps de shooter avec attention. Mais
qu'il est lent, j'ai même peur qu'il se transforme en tortue
à force (oui, il y a une référence) ! Faut dire que quand on
voit la qualité de son boulot, on comprend que le temps et
l'application sont indispensables pour faire du propre.
La cave est
plutôt vide mais comprend une pièce d'eau, avec une douche
et surtout plusieurs établis. D'ailleurs, j'adore voir des
établis dans des maisons désaffectées. Je m'imagine toujours
la personne âgée en train de tracer méticuleusement le
contour de ses outils pour les ranger.
Visite
terminée pour moi. Je décide d'attendre mon collègue dehors
car comme dit plus haut, je ne me sentais vraiment pas bien
à l'intérieur de la villa.
J'attends à présent seul dans le jardin. Comme il est situé dans une côte, ça devait être périlleux si l'on avait une famille. Il y a presque une petite falaise sans protection. Lors de son édification la villa était seule sur la colline et possédait donc un terrain immense. Maintenant que tout s'est construit autour, elle a l'air bien seule avec son jardin rikiki sans queue ni tête, sa petite terrasse qui donne sur du vide et son vis à vis de dingue. C'est fou
comme en plusieurs décennies un lieu qui devait être un
petit paradis s'est métamorphosé à cause de l'étalement
urbain. On dirait vraiment qu'elle a été sacrifiée au profit
du quartier. Je n'ai pas plus d'informations sur son histoire. Son avenir me parait incertain mais elle apparaît sur tous les rendus des promoteurs alentours. Alors peut être qu'elle sera découpée en appartements ? Sinon, à part ça, le reste du domaine est plutôt classique. Un petit kiosque est présent avec quelques locaux qui servent à entreposer du matériel. Le lieu ayant été investi par tous les chats du quartier, cela nous a valu une belle frayeur lors de notre départ du spot. Au moment
de quitter les lieux, je jette un dernier coup d’œil à la
villa et à son portail. Je vois qu'une rose est gravée dans
la pierre. Ça ferait un bon nom, n'est-ce pas ? *** |