Septembre 2019
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Avant-propos : - Aucune
information ne sera donnée sur la localisation du site. *** Nouvel arrêt dans notre road trip estival. Bruno
et moi prenons bien soin de nous garer loin du spot que nous
allons visiter ce matin. Situé au beau milieu de nulle part
et loin de toute vie villageoise, voir une voiture
immatriculée 13 au pied du manoir alerterait immédiatement
n'importe quel habitant ou promeneur. C'est donc
rassurés que nous rentrons à l'intérieur car l'abandon ne
fait aucun doute. Nous avons la certitude de ne croiser
personne sur place. Dommage que
tout soit à ce point en bordel car à l'époque le manoir
devait avoir son petit charme. On trouve pas mal de fossiles
et de pierres semi précieuses exposées dans le couloir
principal. Une méridienne est disposée là. Je pense qu'il
s'agit d'une mise en scène, cela n'a pas trop de sens de se
poser dans un couloir. Une première chambre. Plutôt photogénique mais dont l'état est assez préoccupant. Seconde chambre, bleue, avec un espace bidet qui n'est pas séparé de l'espace nuit. C'est un choix. Cette
chambre là est plus troublante. La décoration est assez
lugubre et surtout, on peut trouver des photos d'une
personne décédée. Je comprends la logique des photographies
mortuaires mais le mec qui a eu l'idée de les exposer pour
faire ses clichés et faire passer le lieu pour encore plus
glauque qu'il ne l'est est un peu con.
Mais le
plus intéressant est ce petit bureau qui a été décoré dans
des tonalités asiatiques. D'ailleurs, la clef présente sur
la porte possède la mention "Chine". Aucun Asiatique,
Japonais, Chinois ou que sais-je n'a vécu ici et les
idéogrammes qui ont été dessinés n'ont pas tous une
signification et certains sont inventés. Cet orientalisme
reste toujours agréable à l’œil. Ambiance Double Dragon en
somme - un brun, un blond - ça colle parfaitement à mon pote
et moi.
Je descends
(Bruno est toujours à l'étage, ce détail aura son
importance). La plupart des pièces sont dans le noir complet
mais je prends l'initiative d'ouvrir, puis de refermer les
volets histoire d'avoir quand même ce bureau :
Mais au
moment où je referme les volets, je suis surpris d'entendre
le moteur d'un véhicule qui arrive au loin et semble se
diriger vers le manoir. J'en avertis immédiatement Bruno, à
quelques reprises le temps qu'il arrive à m'entendre. Je
préfère attendre qu'il arrive histoire de ne pas le laisser
tout seul.
Après quelques précieuses secondes, nous nous retrouvons dans l'entrée. Une camionnette se gare sur le bord de la route. Pour vous détailler la configuration des lieux, elle stationne à un endroit que nous sommes obligés de traverser si nous voulons sortir. Nous prenons alors la décision un peu stupide de nous cacher dans les ronces du jardin. S'en suit une attente longue. Très longue. Deux personnes sortent de la camionnette et commencent à transvaser du matériel. Elles discutent et se plaignent de l'état de la maison. C'est assez surprenant qu'ils ne nous voient pas, parce que nous sommes quand même bien à portée de vue. Et puis ça fait vraiment super mal de rester sans bouger allongés au milieu des ronces. Les deux personnes font des aller retours dans le manoir et parlent de quelques travaux à réaliser. Nous discutons à voix basse et prenons partie d'attendre qu'ils partent. Sauf qu'après plusieurs dizaines de minutes, ils sont toujours là et semblent être motivés pour rester. Nous prenons notre courage à deux mains, sortons des ronces et nous redirigeons vers le manoir pour nous présenter. Nous nous manifestons. Ils mettent du temps à nous entendre et nous aurions eu l'opportunité de partir incognito mais tant pis, on décide d'assumer jusqu'au bout. Alors forcément, le mec est plutôt surpris et semble même halluciner quand on lui dit que nous venons de Marseille, après les présentations respectives. Ils nous explique d'un air vraiment désemparé que c'est sa demeure familiale et qu'il n'a pas les moyens de l'entretenir. Il nous dit aussi comprendre l'intérêt photographique mais beaucoup moins les vols, les mises en scène et les intrusions à répétition alors même qu'il souhaite sécuriser son bien. Il nous fait un peu de la peine. Même s'il nous explique son métier et qu'il connaît du monde, il se trouve un peu dépassé par les événements. Il nous demande de faire passer le mot à la communauté : il ne souhaite plus de visite dans son domaine et va prendre les dispositions nécessaires. D'ailleurs, la rumeur dit que le lieu est aujourd'hui muré et qu'il n'est plus la peine de s'y rendre. Pour conclure, il nous confie même venir armé de peur de faire une mauvaise rencontre. La leçon à retenir de tout cela ? S'introduire dans une propriété privée, aussi fatiguée soit-elle n'est jamais quelque chose d'anodin et peut être d'une vraie violence pour les propriétaires. Raison de plus pour faire cela intelligemment, avec respect et sans rien dégrader. *** |