Le château mécano

Janvier 2020



Avant-propos :

- Aucune information ne sera donnée sur la localisation du site.
- Je ne souhaite pas faire d’échange de lieux.

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Une visite comme au bon vieux temps : je suis tombé sur ce lieu totalement par hasard, pas équipé et j'ai du effectuer la petite session photo au pas de course.

J'avais repéré ce lieu au détour d'une route parce qu'il m'a toujours semblé relativement incongru. Jugez plutôt : ce château a été transformé dès le début des années 60 en garage automobile ! C'est quand même assez peu commun, il faut l'avouer. Pour des raisons professionnelles, j'étais amené à passer régulièrement devant et même si je savais le lieu en activité, il me faisait de l’œil. Je m'étais même imaginé aller voir le garagiste juste pour lui parler de son château au détour d'un petit check sur l'embrayage. Jusqu'au jour, récent, où le garage a fermé et où la cinquantaine de voitures qui occupait les jardins ont été levées en un rien de temps. Projet immobilier, avis de démolition, bingo !

Sauf que la démolition effective est arrivée plus vite que prévue. J'ai fait un premier repérage dont voici les photos en me disant que j'y retournerais équipé la semaine suivante, sauf que la semaine suivante, il avait déjà disparu. C'est regrettable ! Mais relativisons, il avait tellement été remanié n'importe comment au fil du temps qu'il ne présentait plus vraiment d'intérêt architectural si ce n'est d'être la dernière bastide du quartier.

À mon grand regret, je n'ai pas réussi à trouver de photos du lieu, ni même son nom et encore moins son histoire. Avec les photographies aériennes j'ai juste pu comprendre qu'il était déjà là dans les années 20. Il date probablement du tout début du XX.

L'accès au domaine n'est pas tellement discret car le lieu est entouré de cités dont les balcons donnent tous sur le château, il est aussi situé à un carrefour et enfin, il y a un arrêt de bus qui donne sur la façade sud et un parking au nord. Nous sommes un week-end, en pleine journée, forcément, il y a beaucoup de monde autour. Mais peu importe, je décide d'y aller, on repassera pour la discrétion. Comme il y a un panneau de démolition affiché en gros, j'y vais sans trop de vergogne et je fais fi de l'avertissement "accès interdit au public, sous surveillance 24/7".

Je tente le premier accès, la porte principale. Parfait, elle est ouverte ! Vais-je tomber sur un grand salon, encore richement meublé à la beauté qui se fane ? Et bien... Pas vraiment. En fait, c'est une pièce en longueur avec un beau damier au sol style la maison de Titi et Gros minet.



Je fais sans trépied, c'est pas hyper pratique pour sortir quelque chose de net. Les autres pièces sont quelconques. Pas de déco particulière, le strict minimum sur les moulures et des cheminées lambda. Passons pour l'instant sur ce niveau qui comprend trois petit salon, une cuisine, une salle de bain. On verra plus tard. Direction le premier.
C'est visiblement ici que vivait le garagiste et sa famille. On rentre par un grand salon dans un ton jaune assez horrible, à tel point que je n'arrive pas à le faire ressortir comme il se doit avec mon appareil. Mon téléphone semble être moins choqué mais c'est pas fou. Vous ne perdez rien, mais pour les plus curieux, la voici. La cuisine a commencé à être récupérée, il ne reste que la carcasse et il en est de même pour la salle de bain de ce niveau. Voici une première chambre. Simple, mais toujours avec une couleur assez suspecte.



Et une deuxième on l'on tente un petit coup de papier peint, toujours aussi passé de mode.



Une autre pièce qui devait servir de bureau est manifestement hors d'usage avec le sol qui vibre lorsque l'on marche et qui semble sur le point de s'écrouler. Tout au bout de la pièce trône une télé écran plat. Mais je n'ai pas envie de m'y aventurer car ça semble plutôt dangereux. Ce côté à mi chemin entre l'abandon et le contemporain est assez énigmatique et cela va se confirmer avec l'étage suivant qui lui ne semble pas avoir été habité depuis, au bas mot, les années 50. Probablement depuis le rachat du château par le garagiste. Il y a beaucoup plus de pièces mais elles ne présentent pas d'intérêt particulier.
Lorsque je faisais le tour, j'ai vu qu'un balcon avait été rajouté à cet étage. Il est en bois et était entièrement vitré. Je vais donc tenter de l'immortaliser. L'encadrement de la porte fenêtre est plutôt sympa (on notera aussi le plafond qui fait la gueule) :



Par contre, une fois devant, il faut se rendre à l'évidence : ce serait kamikaze d'oser poser un pied dessus. Je vais donc m'abstenir. L'intérieur ne présentait aucun charme et était surtout envahi (mais genre vraiment) de fientes de pigeons.
J'inspecte le reste de l'étage. Totalement classique mais agréable car non dégradé par l'homme et probablement dans les tons d'origine.





Je me dirige vers les combles et me ravise, ce serait trop bête de passer à travers, et il vaut mieux jouer la carte de la sécurité car aucun des plafonds que j'ai pu voir ne semblent droit. Et puis on était encore dans le combo fientes / guano / pigeons ce qui rajoute un poids non négligeable de plusieurs centaines, voir plus, de kilo.
Je redescends, et par acquis de consicence je prends quand même ce bel escalier en photo car il n'existera bientôt plus.



Et l'ancienne cuisine du rez-de-chaussée avec la salle de bain.





Bilan de l'intérieur ? Bah... J'ai du mal à comprendre. Seul le premier étage semblait habité et entretenu. Ça doit faire une impression bizarre d'avoir dans sa maison le dernier étage en ruine et le rez-de-chaussée totalement vétuste. Peut être qu'il était utilisé pour recevoir les clients ou faire un peu de paperasse ? M'est avis que le château faisait déjà la gueule lorsqu'il a été acheté par le garagiste dans les années 60. Il a du se concentrer sur son boulot et sur le premier étage et a laissé le reste en l'état.

Direction les communs qui faisaient office, pour la plupart, de garage auto. Je n'y connais rien en bagnole mais je pense qu'une partie des interventions se faisait ici.





C'est assez marrant, mais on trouve encore pas mal de clefs au sol. Je sais pas si elles manquent à quelqu'un. D'ailleurs, j'ai jamais compris si toutes les voitures que l'on pouvait voir dans le jardin appartenaient au proprio ou aux clients mais ça en faisait un bon paquet.



Je sors pour prendre le jardin en photo, mais une personne sur son balcon me dévisage sérieusement. Je ne vais pas trop m'attarder. Même si je m'en fiche un peu, j'ai pas envie de faire trop d'animation et d'avoir à me justifier. On trouve encore quelques vignes ça et là qui devaient servir de déco mais il faut bien se rappeler qu'elles étaient entourées de voitures donc elles ne devaient probablement pas être plus entretenue que cela. Je vais dans une dernière partie du château mais celle-ci est dans un état catastrophique. Il y a de la terre battue au sol et rien de bien intéressant. Dans les étages, le sol est parfois inexistant. Et ça, ça ne date pas du projet de démolition, cela devait faire des décennies que c'était comme ça, cela l'était probablement lors de l'achat dans les années 60. Peut être que le lieu étaient un ancien domaine agricole / viticole et qu'il s'agissait des logements des ouvriers ?

Je file. Au sol, un monogramme de la Peugeot 203, qui date, d'après mes recherches, de 1957. Je le laisse ici. Il sombrera sans doute malheureusement sous les coups de pelle.

 

Pour le quartier, c'est clairement une page qui se tourne. Puisque la dernière bastide a été démolie. C'est dans l'ordre des choses, mais ça fait toujours un peu mal. Et j'imagine que si le garagiste dont le fils a probablement repris le flambeau, repasse devant, ça va lui faire un petit pincement au cœur, même s'il est à l'initiative de la vente.

En plus, il était très bien noté sur Internet et l'on disait même que c'était "Le meilleur" de la ville. On referme donc un chapitre de la ville, du quartier, mais aussi d'une famille.

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