Février 2020
|
Avant-propos : - Aucune
information ne sera donnée sur la localisation du site. *** Cela
faisait quelques mois que je n'avais pas vu Amélie d'AD
Urbex. Il faut dire que nos dernières escapades
Marseillaises n'avaient pas vraiment été concluantes et à
part roder dans la ville, nous n'avions pas réussi à ouvrir
la fenêtre du succès. Bizarrement, à Marseille j'ai pas mal
de chance quand je suis seul, mais jamais accompagné. Le lieu que
nous allons visiter ce matin est pour le moins mystérieux,
et ce, à plusieurs titres. Il est totalement isolé en plein
milieu de la garrigue sans aucune autre habitation à
plusieurs kilomètres à la ronde. Ajoutons à cela qu'il n'y a
aucune clôture qui délimite la propriété et enfin, pour le
côté "cool" de la chose, le lieu a visiblement été un centre
de retraite pour une secte mélangeant Hindouisme, Bouddhisme
et Christianisme. C'est après
plusieurs heures de route que du fait de cette configuration
insolite, nous nous garons plutôt loin et nous allons
devoir, pendant plusieurs kilomètres, traverser cette
végétation inhospitalière. En effet, la route présente n'est
pas du tout carrossée et même avec un 4x4 cela me semble
difficile. N'est pas une chèvre des montagnes qui veut. Tout
le long de ce petit chemin forestier, nous croisons quelques
panneaux "propriété privée / défense d'entrer" mais nous n'y
prêtons pas vraiment attention. L'atmosphère
est bizarre. On ne s'y sent absolument pas en sécurité du
fait de toutes les baies vitrées qui ne comprennent pas de
volets et qui font que nous sommes à la vue du moindre
visiteur ou éventuel propriétaire. D'ailleurs, cela devait
être profondément angoissant de passer la nuit seul au
milieu de nulle part et me fait penser à l'accroche d'Alien
: "Dans l'espace, personne ne vous entendra crier".
Nous rentrons de la manière la plus simple qui soit mais restons malgré tout sur nos gardes. À l'intérieur, il est clair que personne n'est passé ici depuis plusieurs années. La poussière s'accumule, les livres sont tous jaunis par le soleil et l'humidité est palpable. La visite sera vite fait, le lieu est en fait tout petit mais il est intéressant de constater qu'absolument chaque espace a été rentabilisé pour accueillir du monde. Ainsi, des lits sont entreposés partout, y compris dans le couloir. Une petite dizaine de personne pouvait être logée ici. La plupart
des livres et magazines sont tous issus de la même maison
d'édition, c'est cela qui me permettra de remonter à
l'origine de ce courant de pensée.
À noter que
même s'il y a une installation électrique, le lieu ne
semblait pas disposer de l'eau courante ni d'un réseau
d'assainissement des eaux usées. Ainsi, il y a une cuve à
l'extérieur qui semble être dédiée à alimenter la villa en
eau et surtout, au niveau des sanitaires, il y a un petit
écriteau qui invite les visiteurs à utiliser un petit seau à
défaut de chasse.
Cette
chambre est un petit peu plus grande que les autres et
possède pas mal d'artefacts des anciens habitants, notamment
à travers des clichés exposés sur la table de nuit. Par
respect pour les anciens propriétaires je ne vais pas mettre
les photos de manière visible mais on y trouve la même
personne accompagnée de plusieurs "gourous" (à prendre ici
au sens de maître spirituel).
On attaque
maintenant le salon. Je suis intrigué par une veste assez
récente posée sur une chaise de la cuisine mais en dehors de
cela, on respire toujours cette bonne odeur propre à
l'abandon. On notera quelques dessins du symbole Sanskri Om̐
(son sens diverge, mais en gros, il s'agirait d'un son
universel structurant l'univers, considéré comme la vérité
absolue).
À l'étage,
uniquement accessible par l'extérieur, la plupart des portes
sont fermées. Toutefois, nous pouvons noter la présence
d'une grande salle de prière, si l'on en croit les tapis
posés au sol. Aucun article religieux n'est visible ici.
Comme tant d'endroits, on dirait qu'une rénovation a été
entamée, puis abandonnée après coup. J'imagine aussi la
difficulté de faire venir les matériaux jusqu'à bon port.
Toutefois, quelques planches ont l'air très récentes.
Je suis un petit peu embêté pour détailler l'histoire du courant spirituel associé à ce lieu pour la simple et bonne raison qu'il est considéré comme une secte depuis les années 1990 et est donc répertorié comme il se doit par la Miviludes. À titre
personnel, même si je respecte sincèrement toutes les
religions, il ne faut pas se voiler la face (aucune
référence à Mélanie Georgiades), lorsque l'on regarde
les textes et les pratiquants, il n'y a pas de différences
fondamentales entre nos religions historiques et fondatrices
et ces mouvements dits sectaires qui tiennent plus de la
philosophie new-age et tentent d'organiser la vie
quotidienne des adeptes. On pourra rétorquer qu'il est en
théorie plus facile de quitter ou de changer de religion que
de secte. Mais rappelons que le blasphème est punissable
d'emprisonnement dans quelques pays répartis sur tous les
continent de la planète et que le crime d'apostasie est
encore puni de mort dans quelques pays d'Afrique, du
Moyen-Orient ou d'Asie.
Ce n'est pas une mince affaire que de vouloir sauver le monde. Chacun y va de son dogme et de sa rigueur alors que Superman n'avait besoin que d'un pyjama. Mais pour rester dans les clous de la bienséance, je ne vais pas donner le nom du courant de pensée dont il est question ici. Les bases ont été posées dès la première moitié des années 1900 par un Européen qui a eu la volonté de pendre les enseignements de la religion Catholique de la manière la plus authentique pour les lier à quelques préceptes Bouddhistes et Hindous. Le tout, entouré d'une aura de bien être et d'unicité avec la nature et les éléments (végétarisme oblige). Dans cette optique, ce maître spirituel a ainsi encouragé ses adeptes à former des communautés un peu partout en Europe. Chaque membre était donc fortement encouragé a créer de véritables lieux de vie, isolé de toute civilisation, afin de réunir les membres pour des retraites initiatiques. C'est probablement ce qu'a été un jour ce lieu car toutes les références trouvées sur place convergent vers cette mouvance. Aujourd'hui, la secte existe toujours et est encore active, y compris dans la région mais il semblerait que certains chakras se soient refermés. *** |