Février 2016
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- Aucune
information ne sera donnée sur la localisation du site. *** Au départ,
je ne comptais pas publier de compte rendu pour cette visite
car j'ai succombé à un travers que certains explorateurs
doivent bien connaître : se focaliser sur les détails et non
sur l'ensemble. Du coup, quasiment pas de photos
exploitables de l'intérieur de cette grande et mystérieuse
bâtisse mais plutôt, une multitude de prises de vues plus ou
moins inutiles de petits objets.
Février
2016, Occitanie. Chocolatines, Aligot, Rugby, défunts grands
parents avec des expressions mystiques etc. Comme
d'habitude, je traîne mes bottes pour rendre visite à toute
ma famille installée depuis toujours dans la région. Le trajet se passe bien et après avoir épuisé toute la playlist d'autoroute FM et avoir écouté quelques étrangetés telles que "Radio Cagnac", j'aperçois un toit de château qui dépasse d'un petit bois à côté d'une bretelle d'autoroute. "Boudu ! Mais c'est qu'on dirait un truc à l'abandon" me dis-je, sur un ton fadorle. C'est mal, mais je lance google maps tout en conduisant pour voir ce qu'il en est. Mon intuition se confirme, avec la vue satellite, le bois a l'air trop touffu pour que la demeure soit encore en activité. Sortie à la première bretelle et en avant l'aventure ! Impossible
de se garer autrement que dans le bois (la première ville
est à plusieurs kilomètres et avec la bretelle d'autoroute
pas loin, pas moyen de stationner). Je décide donc de
m’engouffrer dans la nature, hors du sentier balisé de la
route. Après quelques dizaine de mètres en voiture dans le bois en suivant des traces anciennes de pneus, le chemin est barré par plusieurs arbres et barots couchés formant un vrai barta. Plutôt bon signe ! Je me mets
donc en route à pied et la nature est déjà très belle en ce
mois de février. L'herbe est verte et je passe à côté d'un
petit étang (probablement un ancien étang qui servait pour
l'agriculture). Il est beau mais l'eau est étrangement
turquoise et lumineuse. Après un rapide coup d’œil à une vieille maison de gardien totalement en ruines et à une cabane qui l'est tout autant, je poursuis ma randonnée et hume le bon parfum des fleurs. Ce que je
pensais être un château se dessine alors progressivement. Il
s'agit en fait d'une grande maison aux dimensions
impressionnantes. Tout semble plus grand. La porte, les
volets et les fenêtres sont d'une taille plus élevée que ce
que l'on peut voir normalement. Cela fait un effet un peu
étrange. J'en dirai un peu plus sur sa supposée histoire
mais le lieu semble déjà insolite. Que faire avec une
demeure aussi éloignée de tout et pourtant aussi gigantesque
?
Je cherche une entrée. Tout semble
propre et la nature qui a repris ses droits est sacrément
photogénique, surtout sur cette porte d'entrée qui comporte
plusieurs gravures de soleils.
À
l'arrière, un volet est fermé. Je l'ouvre sans trop de
difficulté et miracle, le fesnestrou est ouvert
! J'arrive alors dans une salle à la décoration très
personnelle, avec le papier peint qui se désempègue
qui va bien et cette odeur de friscule propre à
chaque exploration.
Dans cette pièce, une vieille commode en bois qui comprend quelques livres anciens (dont beaucoup de revues scientifiques). Je note aussi que le lieu est vraiment très haut de plafond. En
regardant un peu le papier peint, je remarque une porte
dissimulée et quasi-invisible car le papier peint a
également été posé dessus et il n'y a aucun relief ni
poignée pour l'ouvrir. En bidouillant un peu j'arrive à la
tirer. Je m'attends à trouver un accès à une cave secrète,
au Graal ou à une trace du passée d'une valeur symbolique
inestimable.
Que neni, il s'agit en fait d'un minuscule placard avec un petit pot d'anti-rouille, la Rubigine. Yeeha. Fort de
cette magnifique trouvaille qui va me valoir à coup sûr de
remontrances de la part d'urbexeurs
intégristes, je continue et arrive vers ce qui était
l'ancienne entrée de la résidence.
Deux pièces vides avec des cheminées quelconques. Puis direction la cuisine, qui elle, est quasi fonctionnelle (nombreux produits d'épicerie, gazinière etc...). Il y a en outre, une très belle mosaïque qui témoigne du charme de l'ancien. Sur les
rebords de fenêtre, des livres, historiques, juridiques et
scientifiques. Étrange. On dirait presque la maison d'un
bibliothécaire !
Premier
étage. 4 grandes chambres, totalement sens dessus dessous
avec toujours des livres. Partout.
Les volets étant fermés, il faudra aimer la douce lumière du flash qui provoque une qualité d'image incomparable. Dans la première pièce, un livre à la couverture glauque à souhait est posé, débout, sur un petit meuble. Le regarder me met profondément mal à l'aise. Il semble m'observer. Je lui
trouve un côté totalement malsain. Prenant mon courage à
deux mains, je lis l'arrière comme si il avait un
message à m'annoncer. Je lis :
Quand
l'homme se veut connaître lui-même, sa démarche peut être
scientifique, cela est admis, mais aussi subjective,
charnelle, et on l'accepte moins couramment.
La
sensibilité reste la mère de la connaissance, même quand
on la refoule dans l'inconscient comme le fait notre
occident depuis des générations.
C'est
à ce point d'insécurité que se place « Le Sorcier ».
Un
être, un jeune préhistorien de l'Université, en pleine
recherche de fouilles s'interroge.
Les
hommes du paléolithique nous parlent faiblement par les
outils de pierre ou d'os que nous retrouvons, un peu plus
par les peintures qu'ils nous ont léguées.
Ne
peuvent-ils un jour rencontrer l'un d'entre nous d'une
bien singulière façon, au-delà du temps ?
Marrant et totalement madur à la fois. Cela dessine presque un lien introspectif entre la démarche d'exploration urbaine et l'ethnopsychiatrie chère à Tobie Nathan. Ceci dit, tomber sur des chiottes à la turque tout de suite après remet un peu l'absurdité des choses dans le contexte. Rien de
plus à voir. Les billes au sol montrent qu'il y a eu une
partie du sport
le plus satanique de tous les temps, l'Airsoft,
pratiqué par des couillonéts sans doutes un peu
perdus. Direction le dernier étage de la bâtisse. Toujours
des chambres mais mieux rangées, avec toujours des livres
scientifiques. On trouve aussi une mystérieuse fresque qui
recouvre presque tout un mur, avec quelques bombasses
en pleine séance de descantages.
Bizarre non ? L'image me dit quelque chose mais impossible de savoir de quel tableau / dessin, il s'agit. Cela tranche un peu avec le papier peint très pudique d'amour courtois. Direction
l'autre aile du bâtiment. On y trouve 3 chambres, au dessus
d'une grande salle de réception.
Toutes les chambres ont un accès à l'eau et un bidet. Il y a dégun, pourtant le lieu semblerait presque habité. J'ai même la désagréable impression de ne pas être seul. Il n'y a pas plus à voir, je file. En sortant,
je fais un rapide détour par l'ancien garage. On y trouve un
peu d'électroménager et des vélos rouillés. Serait-ce un
signe divin m'incitant à utiliser le pot de Rubigine trouvé
plus haut à la manière d'un point
n click de fadoli ?
Voici quelques couvertures de livres qui ont pu m’interpeller. Et maintenant, l'histoire du lieu ? Eh bé
je n'ai quasiment rien trouvé. Visiblement, il y avait une
espèce animale protégée qui habitait dans le petit bois qui
ont empêché la destruction du site pour la bretelle
d'autoroute. Sinon, pas
de photos sur delcampe, pas de trace historique et
absolument aucune mention du lieu sur internet. Plusieurs
points m'intriguent car il y a facilement entre 7 et 10
chambres, dont la plupart sont équipées d'une arrivée d'eau
et d'un bidet. Cela témoigne du fait qu'il y avait pas mal
de monde qui pouvait vivre ici. Un hôtel ? Un gîte ? Un
grand domaine agricole ? Mais dans ce cas, pourquoi aucune
trace ? Et pourquoi ces astres dessinés sur la porte
d'entrée ? Était-ce un lieu appartenant à des scientifiques
? En sortant de la maison Saint-Léon, la première pensée que j'ai pu avoir concernant le passé de ce lieu était qu'il était peut être le lieu d'une secte ou au moins d'une communauté qui souhaitait rester loin de tout et incognito. Ils sont, à coup sûr, bien loin du soleil qui accueillait jadis le visiteur. Ceci dit,
j'ai prévu d'y retourner prochainement, histoire
d'investiguer un peu plus et d'aller me renseigner des les
petits villages alentours pour leur demander un peu d'info
sur cette mystérieuse demeure parsemée de bouquins
improbables. *** |