Mai / Juin / Août 2016
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- Aucune
information ne sera donnée sur la localisation du site. *** Cette propriété me faisait de l’œil depuis quelques années déjà. À l'abandon depuis 2004 suite à un incendie, elle est entourée d'un parc d'un hectare comprenant quelques logements de fonction, un silo à grains et un petit point d'eau. C'est avec l'ami Taf de Visitesauvages que je décide de tenter une approche, sans trop y croire. Et à raison ! Le lieu est tout bonnement imprenable, intégralement muré au rez-de-chaussée, il est impossible de pouvoir y rentrer sans échelle tant les fenêtres du deuxième étage sont hautes. C'est par
l'arrière du petit parc que nous pouvons pénétrer dans le
parc. Après un peu d'escalade, nous tombons déjà sur une
belle trouvaille puisque nous tombons sur une carcasse de
Jaguar. Devant le beau manoir, déception, tout est intégralement protégé contre les intrusions et en l'état actuel des choses, il est impossible pour nous de pénétrer à l'intérieur. Même la
cave à fioul n'est pas accessible... Nous pouvons ceci dit
constater la beauté du bâtiment construit autour de 1920
pour être un lieu de villégiature par un riche industriel
qui profita de l'essor de cette ville, de sa grande forêt et
de son hôpital à proximité. Il est inscrit aux inventaires
du patrimoine. Voyons maintenant quelques cartes postales qui montrent l'ancienne beauté du site. Probablement
détruit dans les années à venir car un projet de quartier a
été commercialisé début avril 2016, cette page permettra
d'avoir un petit souvenir de ce que le manoir imprenable a
un jour été ! Mais je me demande ce que peut bien cacher
cette tour au sommet...
Juin 2016 : Le suspens est trop lourd ! Le fait que ce manoir soit totalement hermétique me pousse à vouloir y rentrer coûte que coûte. Mais cela n'est pas une mince affaire ! J'ai déjà du y repasser par deux fois pour tenter ma chance. Lorsque j'ai une idée en tête, il est quand même pas plus mal que j'arrive à la concrétiser. Je décide donc de tenter le tout pour le tout afin de pouvoir y accéder. J'y retourne seul en Juin 2016. Il faudra donc passer par là. Je peux affirmer que cette terrasse est située à plus de 4 mètres au dessus du sol. Mon accès a été périlleux et dangereux. Ne le retentez surtout pas ! Après quelques contorsions dignes d'un yamakazi, me voici enfin face à la fenêtre ouverte tant désirée qui s'offre à moi ! Sur le balcon très sale, aucune trace de pas. Peut être suis-je la première personne à rentrer dedans depuis qu'il a été muré ? L'idée me plaît bien. Je me
retrouve alors dans une pièce à vivre relativement
spartiate, très agressée par le temps et qui semblait dotée
d'un point d'arrivé d'eau. Le papier peint n'est pas du
meilleur goût, tout comme dans les pièces alentours.
Certaines pièces hébergeaient des enfants et la encore le
papier peint qui s'effiloche, est, disons, démodé ! Il ne
reste rien sur place.
Après trois pièces plus une salle de bain, direction le palier du second étage, lui aussi dans un très mauvais état et qui semble avoir été victime d'un incendie, d'infiltrations d'eau et sans doute de pilleurs. Il est troué à certains endroits et ne parait pas stable. Chose amusante, il y a des sonnettes à chaque portes du palier ce qui veut dire que le manoir a été découpé en appartement. J'ai la confirmation de cela en regardant les anciennes cartes postales où l'on pouvait voir des balcons qui reliaient les fenêtres entre elles. Balcons qui ont sans doutes été enlevés lors du découpage pour éviter d'aller chez les voisins. Peut être hébergeait-il aussi des bureaux ? En effet, dans une des pièces, on peut trouver des séparateurs d'espaces qui ne vont pas jusqu'au plafond. Très
intriguant. Je me décide ensuite à prendre l'escalier en
évitant au passage le trou de plus d'un mètre de diamètre
qui permet, en cas de chute, de mourir en passant
directement au rez-de-chaussée. Un demi étage amène à une
pièce minuscule qui servait probablement à stocker du
matériel pour un domestique. Dedans, c'est tout petit et il
n'y a rien. Au dernier étage, il règne une atmosphère paisible. La bâche verdâtre qui protège une partie du toit qui a disparu donne un aspect enchanteur à ce niveau. Il n'y a malheureusement pas plus à voir. Bizarrement, le balcon du dernier étage ne possède aucun accès, c'est donc uniquement un point de design de l'époque (~1920). Maintenant,
direction la tour, peut être y a t-il encore un accès qui
permet d'avoir une jolie vue ? Malheureusement, il n'en est
rien. L'escalier qui permettait d'y accéder à probablement
été brûlé au regard du sol carbonisé de cette section. Je redescends sur le palier du premier étage en constatant qu'il y a quand même de belles décorations murales, signe que le lieu a jadis été de bon goût. Direction le rez-de-chaussée. J'enfile donc ma lampe frontale, m'équipe de ma lampe torche, tout en ayant mon portable dans les mains pour prendre quelques photos. Vous m'excuserez donc de la qualité parfois floue de certains clichés, c'était plutôt galère que de s'en sortir comme cela et mon téléphone fait très mal les focus en intérieur. Ce niveau est bien plus haut de plafond que le reste du manoir. On arrive presque à y déceler une ancienne superbe ! Les murs sont en pierre de taille et sont ornés de petites céramiques très en vogues au début du siècle dernier. On peut
également retrouver ces motifs sur l’intrigante cheminée qui
trône au milieu d'une grande pièce où se situe la baie
vitrée par laquelle j'ai pu accéder au balcon. Lorsque tout
était en activité, l'atmosphère forestière au coin de la
cheminée devait être de toute beauté. Sur cette
cheminée, une nonne et un prêtre me toisent d'un air mutin.
Ils sont un rien angoissant et me donnent l'impression
d'être observé. En
continuant, je tombe sur une pièce qui a visiblement été
squattée. Bizarrement, elle est plutôt propre mais les
bouteilles semblent étrangement récentes ! Peut être
sont-elles celles des ouvriers venus murer le manoir il y a
quelques années ? Une chose est sûre, lors de ma visite,
j'étais totalement seul dans la demeure. Il est de toutes
façons quasi impossible de rentrer et squatter ce lieu n'est
pas tellement viable. Toujours des salles de bains qui alternent avec d'anciennes pièces signe que le rez-de-chaussée avait sans doute lui aussi été découpé. Quelques photos, en passant des cheminées. Certaines sont plutôt en état, d'autres totalement démolies. En voici deux. Je fais un dernier tour et il est temps de partir. Dans tout le manoir, il y a des traces de gravas, de poutres qui penchent, de sol qui se perce et de pierres qui ne demandent qu'à tomber sur une tête égarée. Méfiance donc, la cave, que j'ai pu observer partiellement ne semble pas comporter plus de choses que cela. Je
m'attarde un peu sur le sol en repartant et je trouve un
journal. Partiellement carbonisé, il n'est pas aisé de
retrouver la date, mais au regard des articles, il date de
1962 ! Ce serait un exemplaire du journal Radar. Au retour,
la descente du balcon a été beaucoup plus difficile que la
montée ! J'ai du m'y reprendre à plusieurs fois et je ne
faisais clairement pas le kakou. En
rentrant, petit détour par la glacière, perdue au milieu de
la végétation. Lors de mon arrivée sur les lieux, j'ai ressenti un immense boost d'adrénaline. Le cœur qui bat la chamade, la tête qui se chauffe et les sens aux aguets. En fait, c'est pour cela que j'aime l'exploration, pour ce ressenti unique de danger et de stress mais les risques qui ont été pris durant cette exploration ne valent clairement pas le coup au regard d'un bâtiment abandonné. Quid de l'avenir de ce lieu ? Sur des sites de vente d'appartements on commence à trouver cela : Il sera donc remplacé par des pavillons modernes et moches comme on trouve dans toute l'Europe et qui détruisent la spécificité de chaque pays. Le cadre sera au moins agréable ! Amusant, un
théoricien de l'extrême droite (grand remplacement, toussa
toussa) a posé devant cette demeure (merci à Jules pour
l'info et pour la visite effectuée avec moi en août 2016) !
Il reste encore à visiter les quelques pavillons qui sont plus modernes et qui trônent dans le même parc en lisière de forêt. Ce sera pour une autre fois ! Un chantier a lieu non loin de là et je n'avais pas forcément envie que les ouvriers me voient avec mon échelle sous le bras, au risque de me prendre pour l'un des leurs ! Non loin de
là, un autre manoir, qui a hébergé un refuge pour jeunes
femmes semble avoir été construit par le même architecte et
avec les mêmes matériaux (dixit Jules, qui m'a accompagné
dans l'une de mes visites). Malheureusement, entrer dans
celui-ci est impossible et il est sous alarme. *** |