Avant-propos
:
-
Aucune information ne sera donnée sur la
localisation du site.
- Je ne souhaite pas faire d’échange de lieux.
- Je ne suis pas photographe et ne suis pas équipé
pour cela.
***
En
dépit des quelques informations que l’on peut
trouver sur Internet, la construction de cette
bâtisse est incertaine. Il semblerait toutefois
qu'elle remonte au début du siècle dernier car elle
apparaît dans toutes les vues aériennes disponibles
sur Géoportail (à partir de 1940).
Les
villas qui sont en ventes dans ce même village et
ayant un style analogue (vaguement Normand)
remontent à 1900 d'après ce que l'on peut voir sur
seloger.
Une
carte postale du milieu des années 30 me permet de
confirmer mon ressenti. Il s'agit de la villa de
droite. Sur cette vieille carte postale on y apprend
le nom de la villa, nom qui m'a inspiré lors de la
création de ce compte rendu mais qui est
volontairement légèrement à côté pour ne pas laisser
trop d’indices.
Ce
lieu est ma référence en terme d'exploration pour la
simple et bonne raison que c'est par celui-ci que
j'ai commencé à explorer des maisons abandonnées et
c'est pour retrouver cette même sensation que je
pratique encore aujourd'hui ! Et grand malheur, je
n'ai pas eu la présence d'esprit de prendre des
photos lors de ses heures de gloires (car je n'avais
pas d'appareil photo en 2004).
Faisant
face à une voie ferrée, cette bâtisse a longtemps
été occupée par une vieille dame qui résidait dans
ma rue. Cette maison m'a toujours interpellé car
elle détonait avec le style du quartier, qui restait
dans la plus pure tradition des zones pavillonnaires
construites à la hâte des années 70.
Gamin,
je passais quotidiennement en me demandant ce qui
pouvait bien se tramer dans une maison aussi
atypique pour le quartier. La grand-mère sortait de
temps en temps récupérer son courrier et nourrir 3-4
chats qui traînaient devant chez elle.
Jusqu'au
jour où j'ai cessé de voir la boîte aux lettres se
vider et les gamelles se remplir. Sorte de vase
communicant du naufrage de la vieillesse.
Deux
amis et moi avons attendu quelques mois pour aller
visiter de nuit cette "maison hantée". Qu'elle ne
fut pas notre surprise de voir la fenêtre arrière
grande ouverte qui nous permettait d'entrer sans
effraction !
Et
là, grosse surprise, la maison avait été en pause.
Tout était là. Nous sommes donc entré par la cuisine
et avons pénétré directement dans le salon où
trônait un magnifique piano et des fauteuils
classieux, esprit grand siècle.
Un
escalier en bois menait à un petit balcon qui
permettait de desservir un étage et amenait vers des
chambres intactes aux lits faits impeccablement,
avec des correspondances, des livres et des photos
qui traînaient un peu partout. Tout semblait être en
pause depuis environ 70 ans ! Des tableaux étaient
accrochés au mur dans les couloirs et tout semblait
prêt à reprendre vie à la moindre occasion.
L'ambiance était étrange mais diablement séduisante.
Ainsi, nous avions l'impression d'être des invités
et cela m'a incité à suivre une des règles que
j'applique depuis ce jour : ne laisser aucune trace
du passage et respecter le lieu quoiqu'il arrive.
En
sortant, nous sommes allés faire un tour dans le
jardin et avons trouvé un minuscule pavillon (entre
la cabane de jardin et le studio), probablement un
pavillon destiné, à l'époque, à un domestique. Du
bric à brac s'empilait au rez-de-chaussée mais à
l'étage, il y avait une chambre minuscule, toute
mignonne, avec le strict minimum et ayant appartenu
vraisemblablement à une femme. On y trouve un lit,
une petite table et une armoire pleine de vêtements
de dames. Il y avait aussi un magnifique buste qui
permettait d’étendre une veste de qualité qui devait
servir pour de grands occasions.
Nous
partons. Et reviendrons à quelques reprises, passer
quelques longues après-midi dans les chambres du
manoir sans jamais rien détériorer ou déplacer. Nous
n'explorerons jamais la cave. Au fil du temps, je me
sentais véritablement proche de ce lieu ! La seule
photo d'époque que j'ai de cette bâtisse date du 25
février 2004, totalement ratée, avec une vue
imprenable sur le portail en bois délabré. Je n'ai
jamais osé, à l'époque, prendre de photos, de peur
de me faire attraper par la police.
MAJ Mars 2016 Plus
de 10 ans ont passé et le hasard me ramène dans
ce village où j'ai grandi. J'ai tenu à passer
devant la villa. Un grand panneau "à vendre" y
figure mais j'entends des voix au delà des
volets fermés. Je n'arrive pas à distinguer ce
qu'il s'y dit, ni même si il s'agit de français.
Je m'amuse à constater la présence d'un petit
chaton au loin dans les broussailles mais je m'y
refuse à rentrer n'étant pas seul, on ne sait
jamais comment pourraient tourner les événements
et je ne souhaite pas impliquer la personne qui
est avec moi dans un coup foireux. De plus,
étant en pleine journée, c'était tout sauf
discret et je sais les voisins aux aguets. Je
décide d'y retourner quelques mois plus tard, seul
et très tôt le matin.
Cette
fois-ci, pas un bruit, mais le lieu s'est détérioré
et le panneau "à vendre" est cassé.
Constat,
le lieu est en fait squatté. Il y a des sacs
poubelles, des serviettes, des bouteilles d'urines
qui traînent, des vélos et des déchets un peu
partout. Les portes semblent maintenues fermées avec
des sangles et les poignées ont été enlevées pour
empêcher une ouverture de l'extérieur.
Toutefois,
très intéressé par ce lieu, je tente malgré tout une
approche en me disant qu'ils n'occupent peut être
pas le mini pavillon à l'arrière de la maison. Les
bambous ont envahi les lieux et il y a des
déjections un peu partout sur le petit chemin qui
mène à cette cabane élaborée, véritable maisonnette
qui aurait toute sa place dans un RPG à l'ancienne.
Je suis révolté intérieurement de voir ce lieu aussi
souillé par de vulgaires marauds !
Marrant,
il y a toujours plein de chats (on aurait pu appeler
le lieu, La villa des chats) par contre, la
construction a malheureusement été taguée et il y a
une antenne TV, signe que le lieu est probablement
occupé clandestinement mais qu'on y capte le
courant.
e
L'entrée
peut se faire par le côté, je tente ma chance en
faisant volontairement du bruit pour entendre une
éventuelle réaction dans la chambre (dont la porte
en haut du petit escalier qui mène à l'étage, semble
fermée).
Pas de retour, la pièce est donc probablement vide
mais je n'en mène pas large.
Il y a un loquet qui n'est pas verrouillé et je
pousse avec force cette vieille porte qui racle
contre le sol.
Mon sentiment était exact, ce lieu est squatté. Dans
la pièce minuscule d'environ 9m², un lit, des
posters de femmes, un micro onde, du linge et des
livres.
Mes mains sont tremblantes et je peine à prendre des
photos car j'ai peur de me retrouver face à
quelqu'un de mal attentionné qui semble pouvoir
surgir de nul part tant tout est en désordre. Je
prends toutefois le temps de regarder rapidement les
livres. Tout est écrit en turc. Il y a également ce
qui semble être un calendrier de prières islamiques
produit par un supermarché turc situé dans un
département de la petite couronne Parisienne (très
loin d'ici).
Je
me demande clairement ce que font des squatteurs
turcs dans ce village au fin fond de la pampa. Ils
ont au moins la garantie d'être à l'aise et une gare
est à proximité pour pouvoir se déplacer. Pour le
coup, je ne suis pas à l'aise tant j'ai l'impression
d'être en pleine effraction dans une maison habitée.
Petit
tour très discret des lieux on y voit des vélos de
tailles différentes. Il y a peut être des enfants et
quelques anciens meubles sont sortis.
Cela ne sent décidément pas bon du tout ! Je repasse
vers la bâtisse principale, la porte de la cave est
ouverte, mais il y a un véritable capharnaüm à
l'intérieur.
Je
décide de quitter les lieux au plus vite. Je ne le
sens pas du tout !
J'y retournerai, c'est une certitude, car je perçois
la démolition proche. En effet, les grands jardins
autour de la demeure ont tous été vendus et des
pavillons sont en train d'être construits des deux
côtés ! Le temps est donc compté et c'est aussi cela
que j'aime, être pressé par un bâtiment à l'abandon
!
***
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