Juillet 2017
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Avant-propos : Ce lieu est
actuellement pris en charge par une association qui organise
des visites guidées de la friche et des expositions
temporaires en rapport avec l'architecture et la sculpture.
Il n'est donc pas abandonné et peut se visiter parfaitement
légalement sur rendez-vous.
*** Un peu de
changement dans ce qui est proposé ici. Je ne vais pas vous
présenter un lieu laissé à l'abandon mais je pense que cela
peut être intéressant de voir comment une ancienne ruine
peut être prise en main et réutilisée dans un intérêt
artistique. On l'a déjà vu au Château
de la Valette, à Pressigny Les Pins, où des artistes
de rues ont pris possession des lieux pour colorer une
partie de la façade et de l'intérieur. Je dois être un peu
réac, mais cela m'a laissé de marbre et j'ai même trouvé ça
dommage. Je trouve
le projet bien plus intéressant ici. La visite
de ce lieu en friche est donc totalement légale, gratuite,
et s'est faite accompagnée d'un guide, ce qui nous a permis
de bien appréhender les restes de cette ancienne usine de
plomb et les œuvres qui y sont temporairement exposées. Le lieu est
d'abord choisi pour y installer une usine de traitement du
plomb dès 1851. D'après notre guide, le choix du lieu est
très probablement dû à la méthode d'évacuation des déchets
se faisant directement par, et dans la mer. Le petit port
situé au pied de la construction était alors utilisé pour
amener les différents minerais par péniches et autres
barges. En 1925, le lieu ferme et devient quelques décennies
plus tard une batterie militaire, d'abord Italienne, puis
Allemande. On y retrouve donc, entre autre, deux Blockhaus
et une batterie de canons. Il est évident que le principal
propriétaire de l'usine a par la suite été inculpé pour
collaboration et, chose amusante, une petite garnison
Italienne fût abandonnée et enfermée ici par les Allemands
dès 1943 devenant ainsi, selon la légende, une attraction
locale où les habitants venaient observer et nourrir, comme
l'on nourri un macaque au zoo, ces individus, anciens
voisins mais toujours ennemis. En 2011, un
Parisien amoureux de la ville (on le comprend), Éric
Touchaleaume, acquiert la friche pour en faire un "parc de
sculpture et d'architecture légère". Le thème de
l'exposition temporaire du moment était "Utopie Plastic"
présentant des habitats futuristes en plastique. L'idée me
plaît bien et dès l'ouverture de la grille, un joli
spectacle s'offre aux visiteurs : Le lieu
parait irréel tant il est à la fois très futuriste, en ruine
et totalement vintage. C'est beau. En plus, l'odeur des pins
mélangé à l'odeur marine rend ça encore plus charmant. Nous
serons en tout une quinzaine de visiteurs, tous
trentenaires, avec quelques touristes asiatiques dans le
lot.
Nous signons une décharge qui nous dit de faire bien attention et que si jamais ça tourne mal, nous renonçons à toutes poursuites, même si en apparence, rien ne semble dangereux (car la zone a été bien sécurisée), le geste semble presque militant et ce principe de précaution n'est en somme que du bon sens. La visite sera effectuée par un étudiant en architecture, bénévolement. Il est à noter, enfin, que quelques personnes qui travaillent sur la friche s'affairent à réhabiliter d'anciennes structures et ce, afin de financer les charges qui incombent à leurs activités. Première structure : La bulle à 6 coques de Jean Benjamin Maneval, dessinée en 1963. Cette
habitation est composée de 6 coques en polyester détachables
pour une superficie de 36m². Il n'est pas possible de
visiter l'exemplaire principal installé dans la friche pour
des raisons de conservation.
On y trouve tout le confort moderne : cuisine, lits, sanitaire ainsi qu'un séjour. Elles ont été produites en 300 exemplaires. Deuxième structure : L'hexacube, crée en 1972 par Georges Candilis et Anja Blomsted. Comme son nom l'indique, il s'agit de structures hexagonales, en polyester, qui ont la particularité de pouvoir s’emboîter les unes aux autres afin de pouvoir leur donner la forme souhaitée. Ainsi, la
taille de base de 7m² pouvait être agrandie en fonction du
nombre de cubes utilisés. Testées à Port Leucate, les
maisons ont été produites par la suite en série.
L'intérieur, comme on peut le voir sur cette image, semblait particulièrement agréable : Troisième
structure : La maison Futuro, initiée par Matti
Suuronen en 1968. Cette soucoupe volante fabriquée en une
soixantaine d'exemplaire a su galvaniser une communauté
active de fans à travers le monde qui s'évertuent à
entretenir cette utopie Finlandaise. Construite en
polyester, sa technique de construction idéale (deux jours
seulement) et son système de chauffage ingénieux (passant en
30 min de -28 à +15 degrés) en fait une maison de vacances
idéale.
Toutefois, son côté trop moderne n'a pas permis à ce
modèle de trouver grâce aux yeux du public qui lui
reprochait de ne pas s'accorder avec le paysage
Finlandais. Ce type d'habitat a également été interdit, en
son temps, dans certains coins des États-Unis pour les
mêmes raisons.
Il est possible de visiter celle qui est à l'intérieur de la friche de l'Escalette. Elle est meublée avec un prototype du bureau Boomerang datant 1969, dans sa version Grand PDG avec un siège intégré, de Maurice Calka On y trouve aussi des sièges gonflables Aerospace en plastique bleu de Quasar Khanh père spirituel de Philippe Starck.
L'intérieur, bien que plutôt spacieux, semblait propice
au partage comme on peut le voir sur cette photo
d'archive :
Une fois les différentes
structures visitées, nous pouvons nous attaquer à
l'autre partie du lieu, à savoir la ruine de l'usine de
plomb.
Disons le tout de suite, selon notre guide, le lieu n'étant absolument pas documenté, il n'est pas évident de trouver des informations sur l'utilité réelle de chaque partie du site. Ainsi, il s'agit parfois de suppositions, mais qui ne sont, en toute honnêteté, pas très intéressante pour le quidam. Vous voyez la poudre
noire au sol ? Il ne s'agit pas de terre mais de terril de
scories. C'est toxique mais cela n'empêche pas une famille
qui est présente avec nous de laisser son petit enfant jouer
dedans, en dépit de l'avertissement du guide. C'est pour
cela que les visites sont annulées lorsqu'il y a du vent.
Sur cette petite
esplanade, le guide nous montre quelques restes de
cabanons construits par des sans domiciles, en dur.
Et comme nous pouvons le
voir, la nature a complètement réintégré le site. Cette
araignée, très imposante, semble avoir élu domicile ici.
Enfin, une vue d'ensemble
pour terminer qui laisse apparaître une œuvre dont je n'ai
pas parlée, Pavillon Skulptur II, de Max Bill.
Un grand merci au guide
qui nous a fait la visite avec un grand professionnalisme.
Voici, pour terminer, les prochaines expositions :
Été 2018 : Jean Prouvé : "Maison Tropicale de Niamey" Été 2019 : "Philosophie du Cabanon" Quid de l'avenir du site
? Plusieurs pistes sont évoquées mais celle qui semble la
plus crédible est la résidence d'artistes et de lieu de
création / restauration.
Sources pour la rédaction de l'article : http://astudejaoublie.blogspot.fr http://www.tourisme-marseille.com http://culturebox.francetvinfo.fr/ http://www.toptoptop.fr/ http://www.atelier48-2.fr/ http://www.ufunk.net/ http://friche-escalette.com/ http://sudwall.superforum.fr/ http://www.pss-archi.eu/ https://renamimoa.jimdo.com/ http://www.thefuturohouse.com/ http://www.atlasobscura.com http://ideat.thegoodhub.com *** |