La villa ebony

Janvier 2020



Avant-propos :

- Aucune information ne sera donnée sur la localisation du site.
- Je ne souhaite pas faire d’échange de lieux.

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En voilà une villa qui m'aura donné du fil à retordre. Elle n'a pas été visitée par grand monde et par conséquent, je n'avais aucune info pour la localiser, si ce n'est, par déduction, une zone géographique plutôt dense. C'est déjà pas mal, mais sans façade ni rien, la tache s'annonçait ardue.
Au final, après plus de 7 mois de recherche, à épier absolument toutes les villas de ce département, je pense avoir enfin réussi à mettre la main dessus.
Rendez-vous pris avec mes deux potos TTBM, Josh et Scott, comme à l’accoutumée. 

Le jardin est totalement en friche et la villa est donc par conséquent invisible depuis la route. C'est probablement ce qui fait que le lieu est ultra préservé, sans aucune dégradation humaine en dépit de bientôt 15 ans d'abandon.
Premier arrêt par le garage pour voir une DS20 datant des années 70 et qui confirme que mon intuition était la bonne car cette DS20 apparait précisément sur les trois albums photos des trois personnes qui ont pu faire ce lieu.


Regardez un peu la végétation qui a totalement pris possession de la seconde voiture. Et bien elle sera du même acabit tout autour de la maison.



Nous voici donc face au seul bout de façade qui ressort de tout ce capharnaüm végétal. La maison date des années 1970 et est de plein pied. Elle comprend un salon, une cuisine, trois chambres, une salle de bain, une cave et une petite annexe. Pas de piscine, pas de grand jardin, mais simplement une très belle vue. En dépit de son propriétaire dont je vous parlerais plus tard, elle ne paie vraiment pas de mine. Mais point positif : il y a absolument tout dedans.
Les volets sont couleur ébène et s'intègrent bien avec la nature environnante.



Je tente plusieurs fenêtres et au bout de quelques essais, je parviens à trouver une ouverture pas très compliquée. Le lieu est excessivement sombre, nous nous permettrons donc d'ouvrir les volets autant que possible et les refermerons après notre départ. Mais même volets ouverts, le lieu demeure extrêmement sombre et nous sommes obligés de faire des poses longues pour en tirer quelque chose. Par chance, Scott a des bougies avec lui et cela va nous servir pour créer de petites ambiances sur les photos. On pourrait croire qu'il va s'agir d'une visite immobilière, mais en dehors du salon, toutes les pièces sont dans un état de décrépitude avancée et la maison est irrécupérable.
Mais ce salon est réellement impressionnant tant il nous permet de faire un bon dans le passé. La table est mise (en scène) mais rien ne semble avoir bougé depuis les années 70 et la décoration, bien que kitsch, possède un charme fou.





Voici deux clichés avec les bougies.



En fait, d'usage, je n'aime pas faire des photos avec des bougies. Tout prend une teinte rouge / orange (sans doute parce que je ne prends pas le temps de bien régler mon appareil) et cela empêche de faire une vue d'ensemble bien nette. Mais ici, l'atmosphère figée de la maison et entourée de verdure se prête bien à cela.



C'est dans la cuisine que l'on commence à constater les dégâts. Il y a des infiltrations absolument partout et le plafond se désagrège en de nombreux endroits. Les toiles d'araignées et les déjections diverses et variées nous confirment que personne n'est passé ici depuis des lustres.



Une chose m'intrigue. Dans le couloir, sur la porte d'entrée figure un calendrier avec une photo d'un enfant, datant de 2006, l'année d'abandon de la villa si l'on en croit les vues satellites. Les propriétaires ont donc des héritiers. C'est dommage de tout laisser ainsi, surtout pour une maison aussi modeste avec un patrimoine assez précieux à l'intérieur.



Toutes les pièces semblent avoir été fouillées. Les cambrioleurs ayant souvent quelques pions d'avance et moins de vergogne pour tester des accès et rentrer pour se servir.



C'est dans les chambres que l'on peut constater les dégâts commis par le temps et la nature.



Notamment dans cette pièce. Les murs sont couverts de moisissures et le sol comprend parfois plusieurs centimètres d'eau.



Ce n'est pas évident de le voir sur cette photo mais les étagères de ce meuble sont pleines de flotte et débordent. Le sol aussi. Il ne nous manque des bottes.



Au final, nous y resterons environ 3 heures. Le lieu est minuscule et il est difficile d'y prendre des photos. Mais quand même, le charme est dingue et l'atmosphère hors du temps fait que l'on s'y sent bien.





Il est temps de quitter la villa après avoir soigneusement tout refermé derrière nous.

 

Que dire de l'histoire du lieu ? Pas grand chose de plus. Mais son propriétaire était un acteur et un ingénieur du son qui a travaillé dans pas mal de films cultes des années 50. Ainsi, dans la villa, on retrouvera beaucoup de matériel et de bandes diverses et variées qui prennent l'eau inexorablement. La plupart étant déjà totalement fichues. Dommage pour du 35mm. Dommage aussi pour ce négatif de Dom Juan, ou cet autre film avec un réalisateur incontournable dans le cinéma hexagonal.

Sur une pellicule, on peut trouver des citations obscures :
- "Et si je voulais te retrouver ?"
- "Mais, la mer c'est grand vous savez !"

Nous partons.

Le soir, en rentrant, je tente d'en savoir un peu plus sur cette personne. Quelques uns de ses films sont disponibles sur Dailymotion, il apparaît notamment dans celui-ci :

C'est un peu triste comme image. Le plus jeune doit avoir notre âge, mais tous sont aujourd'hui décédés. Je suis assez surpris que cette personne, qui a pourtant un petit nom dans le monde de l'audiovisuel soit tombée totalement dans l'oubli, y compris au sein de sa famille.

Alors oui, la mer c'est grand, mais je suis étonné que personne n'ai voulu le retrouver.

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