Le château des destriers
(Château Boule et Bill)

Novembre 2016





Avant-propos :

- Aucune information ne sera donnée sur la localisation du site.
- Je ne souhaite pas faire d’échange de lieux.
- Ceci n'est pas un site de photographies mais d'explorations.

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Ce lieu, en dépit de son isolement relatif, semble étonnement populaire le jour de notre visite ! Il est aux alentours de midi lorsque nous arrivons. Sur Internet, nous avons pu constater qu'un chemin de promenade pédestre était accessible afin de pouvoir nous rendre à cette adresse. Nous nous garons donc dans une ville voisine afin d'entamer notre randonnée.

Problème, c'est jour de chasse. Des chasseurs bloquent ainsi les sentiers sur lesquels nous souhaitions passer.

Je repense à ces anecdotes que l'on peut parfois lire sur Internet, celles d'explorateurs qui se sont fait tirer dessus par des propriétaires en colère (à Sécession et Colimaçon notamment). Il y a quelques temps nous parlions de cela avec mon compère et nous nous disions que c'était quand même vraiment la poisse ! Nous avions même du mal à nous représenter comment cela pourrait être possible que la situation dégénère autant, à moins d'avoir un t-shirt avec une cible porté par inadvertance un jour d'exploration. Cela souligne bien la prudence, la discrétion et le respect qu'il faut avoir lors de chaque expédition, pour les autres en premier lieu mais également pour soi. Et dans tous les cas, assumer.
Philosophie à part, nous ne souhaitons pas finir avec des plombs dans le corps et bifurquons.

Retour à la voiture pour nous garer cette fois-ci en face du château. Forcément, le mauvais œil étant avec nous aujourd'hui, une activité sportive a lieu dans le parc. Les grilles sont ouvertes et des chiens gambadent un peu partout. Mort de chez mort pour être discret.


Quoi de mieux de profiter de cette heure de pause forcée pour manger un bout et discuter avec Jules avec qui je réalise l'essentielle de mes visites du moment ?

Après une bonne heure à deviser de l'agencement du monde, nous retentons notre chance. Cette fois-ci, tout semble fermé. Le portail a retrouvé son gros cadenas et le parc est libre.

L'accès est simple. Mais nous ne sommes pas à l'aise, il semblerait presque que quelqu'un puisse débarquer à l'improviste. Nous faisons à présent face au château. Je l'imaginais un brin plus grand. En fait, il fait office de gros manoir. Il date du 18ème siècle et a été remanié au fil des âges. Mes sources divergent sur sa dernière fonction mais toutes s'accordent pour dire qu'il a au départ appartenu à un disciple du roi. Dernièrement Hôtel ? Maison de retraite ? Peu importe, ils nous faut rentrer. La bâtisse n'a pas accueilli du public depuis la fin des années 1980.

Nous contournons un peu la demeure, regardons sa petite fontaine puis nous pénétrons à l'intérieur, les armoiries de lévriers étant là pour nous souhaiter la bienvenue.


Après un rapide passage par la cave, nous comprenons que celle-ci est utilisée comme local pour les activités sportives du coin. Il y a encore de l'électricité.

Nous passons par une vieille cuisine (avec un magnifique dessin qui explique les différentes parties de viandes). Deux choix s'offrent à nous. Sur notre gauche, un long couloir et face à nous, un escalier. Nous ne sommes pas dans un livre dont vous êtes le héros, pas d'autre choix que de nous suivre.

Nous arrivons dans l'ancien hall d'accueil, entièrement vidé, mais avec un très bel escalier en fer forgé et un papier peint rouge particulièrement agréable à l’œil. Sur le sol, proche de l'escalier, des traces de mains dans la poussière. J'identifie tout à fait l'explorateur qui a publié une photo, mains sur le sol, à cet endroit exact !

 

4 autres pièces sont présentes au rez-de-chaussée. Toutes vides. Visiblement peu de choses à voir si ce n'est un beau papier peint à fleurs, quelques belles cheminées et un ancien tableau, malheureusement ravagé par des blases nullissimes faits par de jeunes fougueux qui viendront grossir les rangs des artistes maudits et incompris. Les volets sont tous fermés mais permettent de distinguer les couleurs des murs qui oscillent entre le marron, le vert, le rouge et le bleu. C'est coloré et agréable à l’œil.


Nous allons au premier. À cet étage, des pièces vides mais toujours convenablement conservées. Une, particulièrement, comprenant de très belles gypseries. L'environnement très ouvert de l'ensemble (le château étant en plein milieu d'un parc), ne nous rassure guère. Savoir également qu'il y avait du monde dans ces jardins il y a quelques instants n'est pas tellement de notre goût et nous avons le sentiment de faire une violation de propriété manifeste (commune dans les explorations mais à un niveau encore plus élevé ici). Par ailleurs, il semble y avoir du bruit à l'étage, mais qu'importe, nous montons ces escaliers, un peu fatigués par le poids des années.

Une salle de bain aux tonalités bleues est sublime mais hors de cela, assez peu de choses.

La cage d'escalier est très sombre, d'où une sombritude que je qualifierai d'artistiquement maladroite et qui m'oblige à ne pas mettre la plupart de mes photos en ligne, car bizarrement, j'ai commencé, depuis quelques comptes rendus, à trier mes clichés, ce que je ne faisais pas auparavant. Pour ce qui manque, sachez juste qu'une petite alcôve toute mignonne est présente à ce niveau et qu'il y a des ouvertures dans la cage d'escalier qui permettent d'avoir une vue assez sympa de l'ensemble, comme cela :

La qualité se dégrade très fortement au deuxième étage. Peu de chose à se mettre sous la dent, les pigeons ayant élus domicile ici. Certains me mettent même un véritable coup de pression et j'ai peur qu'ils me picorent les yeux alors je ne fais pas le fier, même si j'ai un Blackberry. En fait, c'est eux qui font un vacarme d'enfer.

L’ascenseur n'est plus que l'ombre de lui même, et on dirait qu'il a été dégradé à son extérieur. D'ailleurs, c'est étrange mais on commence à voir des tags (probablement faits par des enfants du coin compte tenu du caractère au raz des pâquerettes des inscriptions) qui viennent gâcher le tout même si il s'agit d'une enfilade de pièces vides. Le nombre de toilettes et de salles de bain me semble étonnement suspect. Mais cela confirme probablement le fait que ce lieu a été utilisé sur la fin en tant qu'hôtel.


Pas plus au dernier étage. Des pigeons, des petites ouvertures en guise de fenêtres et des pièces vides, mais pour le coup bien plus dégradées. On trouve aussi de la fiente de pigeon en quantité industrielle qui a la fâcheuse manie de s'accrocher sous les chaussures. Sachez que c'est également toxique.


Nous descendons, non sans remarquer la jolie verrière arc-en-ciel au sommet des escaliers, un peu flashy, mais qui colle finalement assez bien avec toutes les couleurs diverses que l'on peut retrouver dans les différentes pièces qui composent cette grande demeure.

Retour à la cave pour emprunter l'espèce de couloir construit pour relier le château au pavillon de chasse. Très dégradé (on dirait que quelqu'un a tiré au fusil sur les vitres), le plafond semble même sur le point de s'écrouler.
À l'intérieur, une grande salle de réception, avec une très belle cheminée qui reprend les armoiries du site. Sur place, encore beaucoup de matériel de réception. Hormis cela, nous regardons un peu les pièces mais tout est vide. Il y a toutefois bizarrement un ascenseur alors que le pavillon n'est pas si grand que cela. Était-ce un lieu pour les employés ou cela servait-il aussi à loger du public ?


Nous avons tout inspecté, il est donc l'heure de partir. Nous faisons le chemin inverse et au moment de sortir, nous entendons des voix. Notre sang ne fait qu'un tour. Que faire ? Partir se cacher ? Partir en courant ? Attendre ? Nous présenter ?

Il faut déjà jauger la situation. J’entrouvre très légèrement la porte et je vois une jeune femme, de dos, face à un cheval à environ 3 mètres de nous. Elle semble discuter avec un homme. Je referme la porte discrètement, le cœur qui bat et les chevilles qui commencent à vaciller. Peut être est-elle sur le point de descendre à la cave pour aller chercher dans le stock de matériel pour monter à cheval ?
Nous nous regardons avec mon compatriote et tentons une brève communication en langage des signes (qui ne marche évidemment pas) et décidons d'un commun instinct de nous cacher dans une des pièces près du grand escalier. De cette façon, nous pourrons avoir une vue sur l'extérieur et attendre le temps que le cour d'équitation supposé se termine. Je regarde très discrètement entre deux lattes de bois des volets et j'aperçois, contre toutes nos prévisions alarmistes, le couple rentrer dans le château en courant ! Mon sang se glace.

Et. MERDE. Sommes nous devenus emmasqués ? D'habitude, nous arrivons toujours, grâce à notre organisation, notre prudence et à notre bonne étoile, à être de vrais ninjas. Nous adoptons alors la technique de la statue pour être aussi figés que celles présentes dans le fameux château des bustes. De plus, le parquet faisant un bruit de dingue, il n'est pas aisé de bouger.

Nous imaginons tous les scénarios, surtout les plus catastrophiques, du genre :

- Ce sont des ados qui nous ont vu quand nous avons ouvert la porte et ils veulent nous trouver pour discuter

- Ce sont des proprios mécontents et ils veulent nous faire la peau

Nous attendons plusieurs dizaines de minutes, à penser qu'ils nous cherchent assidûment. La configuration du château est telle que nous allons sans doute les croiser si nous tentons de partir en courant. Jules et moi avons la bonne idée de nous séparer à ce moment là.
Petit à petit les voix se rapprochent, jusqu'à ce qu'ils se trouvent juste dans la pièce d'à côté de nous (nous sommes à une pièce d’intervalle et le couple arrive dans celle du milieu). Je décide de franchir le pas et d'aller me présenter.
Stupeur générale ! Petits cris aigus de la part de la demoiselle et j'explique notre venue.
Gros moment de soulagement. Le lieu est en fait loué pour des activités et dans leur cas, ils vont faire du cheval ici de manière régulière. Ils sont donc très souvent face à ce château mais ne sont jamais rentrés car il n'appartient pas à la personne qui loue le parc ! Le couple voulait en fait profiter d'un dimanche après-midi pour visiter le château, de manière discrète et inconnue.
L'honneur est sauf ! Nous plaisantons de la situation, parlons de la merveille de la bâtisse et de sa magnifique façade. Nous nous saluons et nous quittons en nous souhaitant une bonne fin de journée. Nous disons au revoir aux destriers au passage.


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