Avant-propos
:
- Aucune
information ne sera donnée sur la localisation du site.
- Je ne souhaite pas faire d’échange de lieux.
- Ceci n'est pas un site de photographies mais
d'explorations.
***
Ce lieu, en
dépit de son isolement relatif, semble étonnement populaire
le jour de notre visite ! Il est aux alentours de midi
lorsque nous arrivons. Sur Internet, nous avons pu constater
qu'un chemin de promenade pédestre était accessible afin de
pouvoir nous rendre à cette adresse. Nous nous garons donc
dans une ville voisine afin d'entamer notre randonnée.
Problème,
c'est jour de chasse. Des chasseurs bloquent ainsi les
sentiers sur lesquels nous souhaitions passer.
Je repense
à ces anecdotes que l'on peut parfois lire sur Internet,
celles d'explorateurs qui se sont fait tirer dessus par des
propriétaires en colère (à Sécession et Colimaçon
notamment). Il y a quelques temps nous parlions de cela avec
mon compère et nous nous disions que c'était quand même
vraiment la poisse ! Nous avions même du mal à nous
représenter comment cela pourrait être possible que la
situation dégénère autant, à moins d'avoir un t-shirt avec
une cible porté par inadvertance un jour d'exploration. Cela
souligne bien la prudence, la discrétion et le respect qu'il
faut avoir lors de chaque expédition, pour les autres en
premier lieu mais également pour soi. Et dans tous les cas,
assumer.
Philosophie à part, nous ne souhaitons pas finir avec des
plombs dans le corps et bifurquons.
Retour à la
voiture pour nous garer cette fois-ci en face du château.
Forcément, le mauvais œil étant avec nous aujourd'hui, une
activité sportive a lieu dans le parc. Les grilles sont
ouvertes et des chiens gambadent un peu partout. Mort de
chez mort pour être discret.
Quoi de
mieux de profiter de cette heure de pause forcée pour manger
un bout et discuter avec Jules avec qui je réalise
l'essentielle de mes visites du moment ?
Après une
bonne heure à deviser de l'agencement du monde, nous
retentons notre chance. Cette fois-ci, tout semble fermé. Le
portail a retrouvé son gros cadenas et le parc est libre.
L'accès est
simple. Mais nous ne sommes pas à l'aise, il semblerait
presque que quelqu'un puisse débarquer à l'improviste. Nous
faisons à présent face au château. Je l'imaginais un brin
plus grand. En fait, il fait office de gros manoir. Il date
du 18ème siècle et a été remanié au fil des âges. Mes
sources divergent sur sa dernière fonction mais toutes
s'accordent pour dire qu'il a au départ appartenu à un
disciple du roi. Dernièrement Hôtel ? Maison de retraite ?
Peu importe, ils nous faut rentrer. La bâtisse n'a pas
accueilli du public depuis la fin des années 1980.
Nous
contournons un peu la demeure, regardons sa petite fontaine
puis nous pénétrons à l'intérieur, les armoiries de lévriers
étant là pour nous souhaiter la bienvenue.
Après un
rapide passage par la cave, nous comprenons que celle-ci est
utilisée comme local pour les activités sportives du coin.
Il y a encore de l'électricité.
Nous
passons par une vieille cuisine (avec un magnifique dessin
qui explique les différentes parties de viandes). Deux choix
s'offrent à nous. Sur notre gauche, un long couloir et face
à nous, un escalier. Nous ne sommes pas dans un livre
dont vous êtes le héros, pas d'autre choix que de
nous suivre.
Nous
arrivons dans l'ancien hall d'accueil, entièrement vidé,
mais avec un très bel escalier en fer forgé et un papier
peint rouge particulièrement agréable à l’œil. Sur le sol,
proche de l'escalier, des traces de mains dans la poussière.
J'identifie tout à fait l'explorateur qui a publié une
photo, mains sur le sol, à cet endroit exact !
4 autres
pièces sont présentes au rez-de-chaussée. Toutes vides.
Visiblement peu de choses à voir si ce n'est un beau papier
peint à fleurs, quelques belles cheminées et un ancien
tableau, malheureusement ravagé par des blases nullissimes
faits par de jeunes fougueux qui viendront grossir les rangs
des artistes maudits et incompris. Les volets sont tous
fermés mais permettent de distinguer les couleurs des murs
qui oscillent entre le marron, le vert, le rouge et le bleu.
C'est coloré et agréable à l’œil.
Nous allons
au premier. À cet étage, des pièces vides mais toujours
convenablement conservées. Une, particulièrement, comprenant
de très belles gypseries. L'environnement très ouvert de
l'ensemble (le château étant en plein milieu d'un parc), ne
nous rassure guère. Savoir également qu'il y avait du monde
dans ces jardins il y a quelques instants n'est pas
tellement de notre goût et nous avons le sentiment de faire
une violation de propriété manifeste (commune dans les
explorations mais à un niveau encore plus élevé ici). Par
ailleurs, il semble y avoir du bruit à l'étage, mais
qu'importe, nous montons ces escaliers, un peu fatigués par
le poids des années.
Une
salle de bain aux tonalités bleues est sublime
mais hors de cela, assez peu de choses.
La cage
d'escalier est très sombre, d'où une sombritude que je
qualifierai d'artistiquement maladroite et qui m'oblige à
ne pas mettre la plupart de mes photos en ligne, car
bizarrement, j'ai commencé, depuis quelques comptes
rendus, à trier mes clichés, ce que je ne faisais pas
auparavant. Pour ce qui manque, sachez juste qu'une petite
alcôve toute mignonne est présente à ce niveau et qu'il y
a des ouvertures dans la cage d'escalier qui permettent
d'avoir une vue assez sympa de l'ensemble, comme cela :
La qualité
se dégrade très fortement au deuxième étage. Peu de chose à
se mettre sous la dent, les pigeons ayant élus domicile ici.
Certains me mettent même un véritable coup de pression et
j'ai peur qu'ils me picorent les yeux alors je ne fais pas
le fier, même si j'ai un Blackberry. En fait, c'est eux qui
font un vacarme d'enfer.
L’ascenseur
n'est plus que l'ombre de lui même, et on dirait qu'il a été
dégradé à son extérieur. D'ailleurs, c'est étrange mais on
commence à voir des tags (probablement faits par des enfants
du coin compte tenu du caractère au raz des pâquerettes des
inscriptions) qui viennent gâcher le tout même si il s'agit
d'une enfilade de pièces vides. Le nombre de toilettes et de
salles de bain me semble étonnement suspect. Mais cela
confirme probablement le fait que ce lieu a été utilisé sur
la fin en tant qu'hôtel.
Pas plus au
dernier étage. Des pigeons, des petites ouvertures en guise
de fenêtres et des pièces vides, mais pour le coup bien plus
dégradées. On trouve aussi de la fiente de pigeon en
quantité industrielle qui a la fâcheuse manie de s'accrocher
sous les chaussures. Sachez que c'est également toxique.
Nous
descendons, non sans remarquer la jolie verrière arc-en-ciel
au sommet des escaliers, un peu flashy, mais qui colle
finalement assez bien avec toutes les couleurs diverses que
l'on peut retrouver dans les différentes pièces qui
composent cette grande demeure.
Retour à la
cave pour emprunter l'espèce de couloir construit pour
relier le château au pavillon de chasse. Très dégradé (on
dirait que quelqu'un a tiré au fusil sur les vitres), le
plafond semble même sur le point de s'écrouler.
À l'intérieur, une grande salle de réception, avec une très
belle cheminée qui reprend les armoiries du site. Sur place,
encore beaucoup de matériel de réception. Hormis cela, nous
regardons un peu les pièces mais tout est vide. Il y a
toutefois bizarrement un ascenseur alors que le pavillon
n'est pas si grand que cela. Était-ce un lieu pour les
employés ou cela servait-il aussi à loger du public ?
Nous avons
tout inspecté, il est donc l'heure de partir. Nous faisons
le chemin inverse et au moment de sortir, nous entendons des
voix. Notre sang ne fait qu'un tour. Que faire ? Partir se
cacher ? Partir en courant ? Attendre ? Nous présenter ?
Il faut
déjà jauger la situation. J’entrouvre très légèrement la
porte et je vois une jeune femme, de dos, face à un cheval à
environ 3 mètres de nous. Elle semble discuter avec un
homme. Je referme la porte discrètement, le cœur qui bat et
les chevilles qui commencent à vaciller. Peut être est-elle
sur le point de descendre à la cave pour aller chercher dans
le stock de matériel pour monter à cheval ?
Nous nous regardons avec mon compatriote et tentons une
brève communication en langage des signes (qui ne marche
évidemment pas) et décidons d'un commun instinct de nous
cacher dans une des pièces près du grand escalier. De cette
façon, nous pourrons avoir une vue sur l'extérieur et
attendre le temps que le cour d'équitation supposé se
termine. Je regarde très discrètement entre deux lattes de
bois des volets et j'aperçois, contre toutes nos prévisions
alarmistes, le couple rentrer dans le château en courant !
Mon sang se glace.
Et. MERDE.
Sommes nous devenus emmasqués ? D'habitude, nous arrivons
toujours, grâce à notre organisation, notre prudence et à
notre bonne étoile, à être de vrais ninjas. Nous adoptons
alors la technique de la statue pour être aussi figés que
celles présentes dans le fameux château des bustes. De plus,
le parquet faisant un bruit de dingue, il n'est pas aisé de
bouger.
Nous
imaginons tous les scénarios, surtout les plus
catastrophiques, du genre :
- Ce sont
des ados qui nous ont vu quand nous avons ouvert la porte et
ils veulent nous trouver pour discuter
-
Ce sont des proprios mécontents et ils veulent nous faire la
peau
Nous
attendons plusieurs dizaines de minutes, à penser qu'ils
nous cherchent assidûment. La configuration du château est
telle que nous allons sans doute les croiser si nous tentons
de partir en courant. Jules et moi avons la bonne idée de
nous séparer à ce moment là.
Petit à petit les voix se rapprochent, jusqu'à ce qu'ils se
trouvent juste dans la pièce d'à côté de nous (nous sommes à
une pièce d’intervalle et le couple arrive dans celle du
milieu). Je décide de franchir le pas et d'aller me
présenter.
Stupeur générale ! Petits cris aigus de la part de la
demoiselle et j'explique notre venue.
Gros moment de soulagement. Le lieu est en fait loué pour
des activités et dans leur cas, ils vont faire du cheval ici
de manière régulière. Ils sont donc très souvent face à ce
château mais ne sont jamais rentrés car il n'appartient pas
à la personne qui loue le parc ! Le couple voulait en fait
profiter d'un dimanche après-midi pour visiter le château,
de manière discrète et inconnue.
L'honneur est sauf ! Nous plaisantons de la situation,
parlons de la merveille de la bâtisse et de sa magnifique
façade. Nous nous saluons et nous quittons en nous
souhaitant une bonne fin de journée. Nous disons au revoir
aux destriers au passage.
***
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