Août 2019
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Adresse : Avenida de
Fernando el Catolico, 22880 Canfranc-Estación, Province de
Huesca, Espagne22 *** Occasionnellement, on pouvait apercevoir cette gare tourner chez quelques explorateurs. Particulièrement esthétique et médiatique, le lieu est pour le moins attirant avec son architecture qui tranche radicalement avec l'environnement. J'ai profité de quelques jours dans la région cet été pour aller faire un petit tour du côté de cette curiosité, aujourd'hui en rénovation. La visite
est donc parfaitement légale. Elle a été effectuée avec un
guide et la réservation obligatoire se fait via l'office de
tourisme situé juste en face. 4€ pour 1h. J'ai mis du
temps à rédiger ce compte rendu parce que ne n'ai pas
vraiment été convaincu par la visite. Pour peu que l'on
s'intéresse un petit peu au sujet, on n'apprend rien de
nouveau et surtout, on ne visite qu'une seule et unique
pièce, le hall voyageur. Le reste étant une coquille vide.
Ils auraient pu au moins faire visiter quelques wagons ou
nous expliquer le fonctionnement des voies de visu. Mais
non, on se contente d'assister à une visite où l'Espagnol
est débité aussi vite que des tirs de Kalachnikov. Cela doit
peut être changer lorsque l'on prend un guide Francophone
(possible en week-end). Les visiteurs ont l'obligation de mettre un casque de chantier et une petite charlotte. Je pensais que l'on allait crapaüter et voir des choses insolites. Et en fait non. Le lieu ne présente absolument aucun risque car la visite se fait uniquement en intérieur sur la toute petite partie réhabilitée mais ils doivent aimer voir les touristes avec des casques de chantiers. Mais avant
de rentrer à l'intérieur, petit point historique. Cette gare, qui en son temps était la deuxième plus grande d'Europe, a été inaugurée en 1928 et symbolisait la coopération entre l'Espagne et la France en proposant un transit par les Pyrénées, plutôt qu'un contournement comme jadis. On y trouvait un poste douanier, un hôtel de luxe, des salons, une infirmerie et de quoi se restaurer. Mais dès le début, le succès se révèle en deçà des attentes, la faute à une différence dans les modalités d'exploitations entre les deux pays qui occasionnent un temps de correspondance indécent. Et ce n'est pas mieux du côté des marchandises, les rails utilisés n'étant pas les même, il fallait décharger puis recharger les cargaisons, occasionnant ainsi une perte de temps considérable. Par exemple, pour effectuer Pau - Saragosse (300km), il fallait environ 24h. Ajoutons à cela une crise en 1929 et un incendie de la gare en 1931. Le projet est mort-né / enterré vivant et ce n'est pas la guerre civile Espagnole quelques années plus tard qui va arranger cela. Le plus
gros du trafic aura lieu durant la seconde guerre mondiale
grâce aux échanges commerciaux entre le Portugal, la Suisse,
l'Allemagne et l'Espagne (entre Franco et le régime Allemand
notamment). Un important réseau d'espions y sera installé. La voie de communication permettra en outre à des centaines de résistants et Juifs de fuir l'Europe occupée. Le trafic va reprendre en 1948 mais sera anecdotique avec environ 50 voyageurs au quotidien. Un accident, côté Français en 1970 mettra fin à l'exploitation de la gare qui tombera peu à peu dans l'oubli. Après ce rapide point historique que vous pourrez compléter en utilisant les sources en fin de page, attardons nous sur ses caractéristiques architecturales : - 241
mètres de long
C'est le
moment de voir ce qu'il reste de tout cela. Dans un premier
temps, je décide de contourner le bâtiment en faisant une
petite randonnée à travers les collines environnantes en me
disant qu'il serait peut être possible de voir des choses
dans les parties inaccessibles au public. Mais en fait non. Le lieu est vraiment en rénovation, il est surveillé, il y a des caméras et est actuellement en véritable chantier. La façade
principale est donc la plus intéressante, et d'emblée on
peut confirmer que le projet était quand même démesuré.
Cette gare, qui rappelle le Titanic, semble posée ici comme
un cheveux sur la soupe. Elle est vraiment immense et de
toute beauté. Comme vous pouvez le distinguer sur les
photos, tout est vide, excepté le bâtiment voyageurs.
La visite
guidée commence dans les temps. Nous sommes la seule famille
de Français, et quasiment les seuls étrangers présents. La
visite se fera donc en Espagnol et nous utiliserons des
audioguides pour résumer ce que nous dira le guide.
Nous mettons une petite charlotte, un casque de chantier et descendons vers le tunnel qui nous permet de passer sous les voies pour aller au bâtiment voyageurs. Le guide insiste bien sur le carrelage qui est le même que celui du métro parisien. Et après
quelques escaliers, nous voici à l'intérieur du bâtiment
voyageurs qui a été entièrement réhabilité.
Vous
pourrez comparer avec les quelques photos qui ont été
postées sur Internet. Le travail a quand même été bien fait
et même si je ne suis pas partisan de l'idée d'avoir
remplacé les portes par des affiches informatives, c'est
quand même sacrément beau.
Mais quid
de tout cela ? Les projets se succèdent mais aucun ne semble
vraiment se concrétiser. L'exploitation doit visiblement
reprendre d'ici quelques années, une fois que le souci
d'écartement des rails aura été résolu. Du reste, on
s'oriente vers un projet hôtelier.
Est-ce que
la visite vaut le déplacement ? Je suis un peu mitigé sur la
question. Extérieurement, il est indéniable que si vous
aimez l'architecture et l'univers ferroviaire, ce lieu est
incontournable. Pour la visite guidée, je suis clairement
moins convaincu. Ceci dit, c'est pas cher, c'est pas loin de
chez nous, le guide était sympa, très bavard et compétent
donc on est clairement pas volé. Mais comme le lieu est très
bien documenté depuis des décennies, la visite guidée
n'apporte vraiment pas grand chose si on connaît un peu
le sujet.
Sources : -
https://bap-europe.com/le-mystere-de-canfranc-nazis-espions-et-or/
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