Le château Alceste

Octobre 2019



Avant-propos :

- Aucune information ne sera donnée sur la localisation du site.
- Je ne souhaite pas faire d’échange de lieux.

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Nouvelle visite en compagnie de Fabrice dans un lieu presque totalement méconnu des explorateurs locaux. Et force est de constater que c'est même un miracle qu'un lieu aussi facile d'accès n'ait pas été victime de son succès.

Sans aucune difficulté nous arrivons à nous faufiler à l'intérieur et dès le départ nous sommes pris dans l'ambiance étrange de cette demeure de maître dont la configuration nous échappe un peu.

Extérieurement, le lieu ne paie vraiment pas de mine et on dirait tout au plus une maison de taille assez confortable, bien que très rustique, mais une fois à l'intérieur, on constate que les choses sont plus belles qu'il n'y parait.
Les pièces sont dans des styles très différents. Certaines sont bien rangées et bloquées dans les années 60 quand d'autres ont été visiblement investies par des squatteurs ou une personne atteinte du syndrome de Diogène. Vous le verrez à travers les photos, c'est assez énigmatique.

Nous arpentons le petit couloir qui nous sépare des pièces à vivre. Il est parsemé de bouteilles vides et de pots de yaourts. Sur notre droite, une grande pièce qui faisait office de cuisine et de salle de bains, et tout droit, un premier salon à la décoration assez singulière.

On trouve des images de chats, un piano, une vieille TV et beaucoup de babioles.


Nous traversons ensuite le hall de l'entrée principale. Il possède des proportions assez impressionnantes et semble sortir tout droit du 18ème siècle. Il permet de desservir chaque étages. Un détail insolite est à souligner : chaque demi étage possède une porte qui amène à un autre escalier desservant en parallèle les mêmes niveaux. C'est la première fois que je fois ça et j'ai un peu de mal à comprendre le pourquoi du comment, d'autant plus qu'un autre escalier est présent en plus à l'extrémité de ce petit château de campagne. Pour les domestiques ? J'ai l'impression que ces dernières années le lieu a été divisé en appartements mais une chose est sûre, les trois escaliers sont d'époques. Et toujours une affiche avec un chat.


Deuxième salon du rez-de-chaussée, encore un piano. Dans un coin, quelques cartons et bibelots sont emballés comme si on avait commencé un déménagement avant de tout laisser en plan.


À l'étage, les choses sont un peu plus aléatoires car c'est ici que l'on trouve les pièces les plus belles mais également celles qui ont été le plus investies par une Diogène. Nous passons rapidement par une petite chambre qui possède encore un piano...


...pour arriver dans un grand salon totalement encombré de magazines et de paperasses diverses. Des papiers datent de l'année dernière, et on trouve toute sortes de documents venant de Seine et Marne et tous adressés à la même personne, une certaine Marie-Laure. Pas mal proviennent d’œuvres sociales du style Armée du salut ou Resto du cœur. Sans doute en bénéficiait-elle.




Retour au palier et maintenant découvrons les plus belles pièces de la maison. Parce qu'accrochez vous bien, c'est du très très lourd.


Voici donc une pièce qui nous interpelle car elle semble totalement coincée dans le temps. Un détail sordide : un chat momifié dans un petit panier dédié à cet effet. Ultime signe de la présence d'une personne souffrant du syndrome de Diogène ou alors l'animal a terminé ses jours tout seul ici ? Impossible de le savoir. Mais pas de photo de cette bestiole qui me rend un peu triste.




Deuxième et principal intérêt de la visite, un grand salon aménagé de manière un peu curieuse mais qui possède deux vases Chinois en céramique (ou porcelaine ?) de plus d'un mètre de hauteur. En cherchant un peu sur Internet, j'ai l'impression qu'il s'agit de Vases de Nankin à cause des scènes de batailles. Deux lits sont présents dans cette grande pièce ainsi que dans les pièces attenantes. On pouvait loger énormément de personne l'air de rien. Ce n'est pas évident de prendre des photos car la plupart des pièces sont plongées dans le noir complet car elle ne possèdent pas d'ouvertures vers l'extérieur.



Sur la table, un petit mot gribouillé attire mon attention. Je vous mets quelques extraits :

Minet, tu sais que je t'aime, mais mon problème n'est pas seulement psychologique. Je suis hyper-fébrile et je ne te dirais pas où j'ai une "drôle" de sensation et tout cela me fait très peur car je ne voudrais pas te laisser tout seul, car je t'aime tant.
Marie-Laure

Était-ce destiné au chat ? Toujours sur le même mot, comme en réponse à la première partie avec une écriture plus hasardeuse mais très similaire, à tel point qu'il est probable qu'il s'agisse de la même personne :

Ça ne risque pas d'arriver, tu vas aller mieux [...]
Je t'aime tant Thérèse

Et au verso :

Quand tu liras ce mot, ou je serai à l'asile psy. ou morte. Tt est de ma faute.
[...]
Ĉ je te le disais j'ai le cerveau grillé

Dernier paragraphe :

[...]
Tu ne comprends pas que j'ai le cerveau grillé
* je ne me rappelle + de rien.
[...]

Je ne sais pas pour vous, mais la lecture de ces quelques phrases me fait froid dans le dos. On sent clairement que la personne décline progressivement et qu'elle écrit des mots pour ses proches ou simplement pour mettre sur le papier ce qu'elle ressent. Il n'y a rien de pire que de sentir que sa propre conscience nous échappe. Cela doit être une sensation horrible.

À ce jour, je n'ai pu retrouver absolument aucune information sur la propriétaire des lieux ni même son activité. Elle n'habitait probablement pas seule ici, j'ai pu au moins déterminer deux noms qui revenaient régulièrement. Probablement artistes et mélomanes ? J'espère qu'elles ont pu trouver la paix intérieure nécessaire à leurs repos. Peut être est-elle en structure adaptée ?



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