Le domaine Tuonela

Mars 2019



Avant-propos :

- Aucune information ne sera donnée sur la localisation du site.
- Je ne souhaite pas faire d’échange de lieux.

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La visite de ce domaine a quelque chose d'initiatique et de spirituel. Et je dois dire que même s'il n'y a finalement pas grand chose à voir, j'ai trouvé cette visite passionnante tant le lieu regorge de détails et que l’enchaînement des différentes étapes de son accès en fait un lieu véritablement insolite.

Comme à mon habitude, après avoir repéré le lieu sur Google Maps, je me gare assez loin histoire de ne pas éveiller les soupçons du voisinage clairsemé. Et c'est le début d'une petite randonnée dans un bois assez dense avec une végétation sauvage mais bizarrement assez douce et accueillante.

Après quelques minutes de marche à contempler des cèdres et des tilleuls probablement centenaires dans un silence assourdissant, je commence à apercevoir les contours du domaine Tuonela. Pas de doute, même s'il y a quelques traces d'activités récentes, personne n'habite ici. L'ambiance est particulièrement agréable et tranquille. Pas un bruit à l'horizon : c'est donc le cœur léger et accompagné par le soleil Printanier que j'entame la visite.



Le lieu fait triste mine et contraste avec la quiétude ambiante. Le bâtiment est réellement immense mais les trois-quarts sont en ruines. Cela confirme que l'accès va être assez épique et compliqué. Je fais le tour de l'extérieur, histoire de m'assurer qu'il n'y a personne et j'en profite pour immortaliser quelques engins qui confirment la dimension agricole du lieu.



Et maintenant, il va falloir trouver comment accéder à l'intérieur de la bâtisse principale qui avait jadis des proportions impressionnantes. Mais un problème de taille se pose : tout est fermé et les seuls accès potentiels à la petite partie conservée sont sur le point de s'écrouler et il est donc excessivement dangereux de s'introduire par les quelques ouvertures, sous peine de finir ensevelis sous les décombres. Pire, mon portable capte à peine dans ce coin. Ce n'est donc pas le moment de faire le fou et de tenter le diable (et plus le temps passe, plus je repense à mes proches me disant "fait attention quand même avec tout ça, un jour, ça va mal finir").

J'entame donc mon chemin de croix avec un maximum de précautions en me faufilant à travers un petit accès discret. J'ai beau être fin mais l'entreprise s'annonce douloureuse et difficile avec tout le matériel de photo. Je fais donc le choix de me séparer de mon sac qui comprend mon trépied et de prendre uniquement mon appareil. Je le cache discrètement derrière des buissons. Ce n'est pas l'idéal pour les poses longues mais compte tenu de cet accès qui nécessite de bien bourlinguer, autant faire au plus pratique. Je perdrais en qualité photographique mais au moins je vais miser sur la sûreté.
S'en suit une succession de plusieurs pièces en ruines au sein desquelles il faut un peu feinter pour passer à la suivante. Difficile, salissant mais finalement assez intéressant pour le côté aventurier de la chose. On se croirait presque dans un jeu vidéo à passer différents niveaux avec une difficultés qui augmente progressivement.
Il y a même quelque chose d'assez émouvant à parcourir des pièces qui vont finalement de très en ruines à un état de conservation quasi parfait. C'est presque une métaphore inversée de la vie, comme s'il fallait re-traverser le fleuve amenant au royaume des morts.
Ainsi, après plusieurs errances à travers des pièces où le plafond est inexistant, où des escaliers amènent à des tas de gravats et où des lits pendant mystérieusement sur des pans de murs, je remarque une porte qui semble bien timide.
Elle est au premier étage, alors même qu'il n'y a plus de sol à ce niveau. Il va donc falloir escalader ce mur, qui par chance, est en pierre. Le geste s'annonce périlleux mais après quelques efforts, me voici dans un couloir qui m'indique clairement que je touche à mon but. Des WC hors d'âge me tendent les bras et semblent me narguer "c'est la merde hein ?".

À l'intérieur, le propreté des lieux tranche radicalement avec l'ascension difficile que je viens d'effectuer. Et le temps semble s'être arrêté. Bizarrement, alors même que le lieu est plongé dans la pénombre, je ressens une grande sérénité. Tout est en place depuis des lustres et le mobilier transpire les années 60. Quelques traces récentes trahissent un passage occasionnel (notamment un compteur Linky, qui ne marche pas).
Comme dit plus haut, la majeure partie du domaine est dans un état de ruine avancée. Ainsi, l'endroit encore préservé est donc tout petit. Je passerais 40 minutes tout au plus à l'intérieur, le nombre de pièces à immortaliser étant plutôt restreint.



Comme dit précédemment, j'ai dû laisser mon trépied à l'entrée, ainsi, il sera assez difficile de faire des photos dans cette noirceur. Je tente bien de monter en Iso ou de poser l'appareil sur une surface plane, mais ce n'est pas évident pour avoir des clichés qui rendent bien. Vous m'excuserez donc pour la qualité un peu aléatoire des photos. On commence donc par ce magnifique salon, avec de belles moulures au plafond et des tableaux qui sentent bon le vintage.



Direction le premier étage (et oui, c'est vraiment tout petit) où l'on peut visiter plusieurs chambres dont deux présentent réellement un intérêt. La première, plutôt mignonne, qui comprend encore pas mal de fringues, une TV et des miroirs.



Le must reste quand même l'autre chambre, qui, même si elle ne diffère pas trop de la précédente a beaucoup plus de personnalités et cela se manifeste notamment à travers beaucoup de bibelots religieux et même un petit reliquaire. C'est assez troublant en vrai.


Je prends quelques photos parce que cette salle est vraiment au top. Mais force est de constater qu'avec les Isos montés à fond pour combler le manque de lumière, les photos qui ressortent sont dégueulasses. Peut-être que lors d'un prochain détour dans ces contrées, je retenterais le coup de rentrer avec mon trépied pour faire honneur à ce lieu gigantesque et avec une minuscule partie exploitable mais qui me plaît bien. L'autre étage, le grenier, est insignifiant donc pas la peine de trop s'attarder dessus.


Et à part ça ? Niveau histoire ? Pas grand chose à se mettre sous la dent, il s'agit d'un domaine agricole classique du début du siècle dernier qui a commencé à s'écrouler à partir du tout début des années 2000. Le propriétaire semble encore passer de temps en temps même si tout laisse penser que lieu n'est plus entretenu depuis des plombes car il n'est tout simplement pas possible de le sauver sans de coûteux travaux.

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