Le château des Aigles

Juillet 2017



Avant-propos :

- Aucune information ne sera donnée sur la localisation du site.
- Je ne souhaite pas faire d’échange de lieux.
- Ceci n'est pas un site de photographies mais d'explorations.

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5h du matin. Le réveil est rude. Josh, de Riviera Urbex est de la partie et nous sommes motivés comme des habitants de la planète Namek pour visiter ce château qui nous fait de l’œil depuis bien longtemps.
Nous avons de la route à faire. Beaucoup. Mais qu'importe, nous avons fait le stock de bouteilles d'eau et de pains au chocolat eco+ afin de pouvoir tenir le temps du trajet et traverser toute la France.

Nous allons aujourd'hui explorer un château construit à la fin du moyen âge. Tout au long des siècles, il sera modifié et restructuré pour aboutir, au début du XXème siècle, à un style mélangeant les influences gothiques et renaissances lui donnant un air anglo-saxon.
Après avoir eu plusieurs propriétaires de plusieurs continents, le château appartient à une association et est inclus au sein d'un vaste domaine où travaillent une petite centaine de personnes. Il est abandonné depuis quelques années et n'a pas manqué d'être la proie de récupérateurs et brocanteurs. Il parait que le personnel travaillant à proximité est particulièrement vigilent aux entrées et sorties.

Nous arrivons et nous nous garons, comme à mon habitude, à plusieurs centaines de mètres de l'entrée du château. La région, tout comme la ville dans laquelle nous nous trouvons, est magnifique. Il y fait frais, la végétation est luxuriante et tout est extrêmement propre et calme. Cela tranche radicalement avec la Provence, d'où nous sommes partis. Un plaisir.
L'accès au domaine est on ne peut plus simple et c'est après quelques rapides contorsions que nous arrivons à nous faufiler par un passage nous permettant d'arriver dans l'enceinte où se trouve le château. Plusieurs aigles (ou faucons) volent en cercle au dessus du domaine. Belle image.
Nous tenons à rester discret, le lieu étant en activité, ce serait trop bête de se faire repérer dès maintenant. Nous nous faufilons donc à pas de loups.
Au passage, nous passons à côté d'un petit plan d'eau. Impossible de savoir si il faisait office de piscine, mais l'atmosphère qui s'en dégage semble totalement irréaliste et mystique.

Après une petite dizaine de minutes de marche, nous pouvons enfin apercevoir cette belle endormie et ses tourelles. Au sol, je trouve un petit cache d'un appareil photo Nikon. Je décide de le prendre avec moi dans l'optique de poster une annonce sur ma page (voir le dénouement en fin de compte rendu !). Mon collègue en profite pour visiblement perdre le sien au même endroit (!).

Cette bâtisse me rappelle un peu le défunt château Miranda. La comparaison est plutôt flatteuse.





Nous entrons par l'ancien cloître. Bizarrement, je pensais le château en meilleur état. De nombreuses fenêtres sont brisées et l'on remarque qu'il y a quand même du passage. Il faut dire que le pied d'une des façades du château fait office de parking, et que les voitures sont donc à quelques centimètres des pièces sans fenêtres et séparées uniquement par de vieux volets en bois refermés à la va vite. Il n'est pas improbable que les salariés travaillant à proximité viennent de temps en temps se promener dans la demeure.

Dans ce compte rendu, je vais, autant que possible, essayer de glisser des images d'archives en noir et blanc pour montrer le lieu tel qu'il était lorsqu'il était habité.

Après être entrés sans encombre, je me charge de prendre la photo de la fontaine que tous les explorateurs qui ont visité ce château prennent avec le même angle puis nous décidons de commencer méthodiquement l'exploration au dernier étage pour mettre notre matériel en place.





Le troisième et dernier étage est en très mauvais état. On y trouve, en vrac, des infiltrations, de la fiente, des trous dans le parquet et surtout de très nombreuses chauves souris. L'escalier est beau, mais il n'y a rien à voir en toute objectivité. Mention spéciale au mufle qui a marqué au feutre "URBEX" sur un des placards. Cet étage était très probablement l'étage des domestiques. On y trouve beaucoup de chambres individuelles, mais dans un état catastrophique, le sol manquant de s'écrouler dans bien des endroits.


Au second, les choses sont déjà plus intéressantes. On y trouve de très grandes pièces, probablement les chambres à coucher et appartements privés des anciens propriétaires.



Les balcons permettent d'avoir une jolie vue sur le château.


Et les grandes salles de bain sont décorées avec ce soleil stylisé en mosaïques de plusieurs couleurs selon les chambres.


Au moment de descendre au premier étage, nous entendons des rires et des gens qui discutent à pleine voix et qui paraissent juste à côté de nous. Notre sang ne fait qu'un tour et notre cœur s'emballe à tel point que nous restons immobiles de peur de faire craquer ce vieux parquet qui s'en donne à cœur joie depuis notre arrivée. Explorateurs urbains ? Gardiens ? Ouvriers ?
Que nenni. La réalité est bien plus trouble puisqu'il s'agit de salariés de l'association qui décident de venir pique-niquer au pied du château, côté cour, dans les herbes folles ! La situation est gênante et nous oblige à nous arrêter pour ne pas être repérés. Il n'y a pas de bruit environnant, nos pas résonnent et nos appareils semblent faire autant de bruit qu'une kalachnikov.
"Qu'est-ce qu'on est bien ici !"
"Ça te dit pas un château ?"
"500 000€ ? Allez ?"
Voilà pour l'essentiel de la conversation, écouter les gens à leur insu n'est pas terrible et cela nous oblige donc à faire une pause forcée.

La voie se libère une demi heure plus tard et nous continuons à immortaliser le premier niveau. Il s'agit en apparence d'un étage composé d'anciennes salles communes, de quelques bureaux professionnels et d'une infirmerie. On y trouve aussi un grand appartement mais nous ne pouvons pas tout explorer, certaines pièces étant fermées à clef.



Notons la magnifique cheminée que l'on peut retrouver ici. Il y en aura d'autres, tout aussi belles, au rez-de-chaussée.



Les balcons offrent toujours une jolie vue la végétation qui s'empare progressivement du château.


Quelques images d'archives de cet étage avec chambres, salons, bureau et salle de jeu.











Gardons le meilleur pour la fin, le rez-de-chaussée et ses nombreux salons.



Premièrement, le salon principal, qui donne sur un autre petit salon avec sa grande baie vitrée et son piano, très photogénique.




Une vue un peu plus détaillée de la petite pièce musicale qui comprend encore quelques tapisseries.




Deuxième salon, qui faisait office de pièces pour les gardes comme en témoigne l'image du chevalier sur la cheminée.




Puis, sans prévenir, une autre pièce de toute beauté, l'ancienne salle à manger, avec son plafond à couper le souffle et sa cheminée sculptée.





Un rapide passage vers d'anciennes cuisines, probablement elles aussi construites dans des salons avant d'immortaliser...



... la plus belle cheminée que j'ai pu voir. Épatante au possible, elle témoigne de toute la finesse et du raffinement qu'il y avait en ce lieu. Toutefois, il n'est vraiment pas simple de faire une photo discrètement car les fenêtres donnent sur le parking et nous sommes alors à quelques mètres de personnes qui discutent. Les fenêtres étant cassées, nous devons faire très attention pour être discrets, d'autant plus que nous entendons des ouvriers préparer du matériel.




Nous partons, bien satisfaits d'être passés inaperçus malgré le monde qui a rodé autour du château pendant toute la visite. Peut être qu'ils n'auraient rien dit, mais les rumeurs d'explorateurs qui se sont fait attraper ici ne nous donnent pas envie de tester.
Les personnes qui ont pu m'accompagner savent que je suis totalement parano dans ce genre de situations. Mais c'est aussi pour ça que je n'ai quasiment jamais croisé personne ni même eu aucun problème.
Toujours est-il que lorsque nous sortons des ouvriers sont en train de tondre la pelouse autour du domaine, ils pourraient éventuellement nous voir mais leur bruit couvre nos pas, ce qui nous permet de relâcher un peu la pression.
Nous quittons les lieux et rejoignons ma voiture sans encombre avec le sentiment d'avoir fait, chacun, une visite exceptionnelle.

En début de compte rendu, j'ai parlé d'un cache Nikon trouvé sur place. Le lendemain de notre exploration, je poste une annonce sur ma page facebook et je suis rapidement contacté par une page consacrée à l'Urbex, Quand l'Homme Oubli. Il s'avère que le cache Nikon est à un de leur membre et que par chance, ils ont un ami qui habite à côté de chez moi. Rendez-vous pris en quelques minutes pour remettre le précieux cache.
Charge à eux de récupérer le cache Canon égaré sur place par mon co-équipier !

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